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Samedi 7 juin, à la manif en hommage à notre camarade Clément, nous avons eu la surprise d’apercevoir Kelly B., une des « égéries » du nouveau Front National de la Jeunesse (FNJ), la structure jeune du parti de Marine Le Pen. De manière fort téméraire, puisque bien loin de ses quartiers habituels, elle osa s’aventurer en cette terre lointaine et hostile qu’est le XXe, populaire et antifa. Accompagnée par un de ses amis du Front [1], elle n’a guère eu l’occasion de se faire le grand frisson en s’approchant des grands méchants antifas, puisque rapidement repérée, elle préféra tourner les talons pour se réfugier au plus vite derrière les gendarmes mobiles ! Si l’on s’intéresse à elle, c’est que cette Kelly est une parfaite illustration du nouveau visage "jeune" que tente de se donner le FN et de  l’hypocrisie qui l’accompagne, car quand on gratte le vernis bleu marine, ça vire vite au brun…

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À la droite de Jean-Marie, Kelly Betesh, le type même de la nouvelle image que le FN aimerait donner…

Tout comme les photogéniques Julie Abraham, Estelle Arnal ou encore Cassandre Fristot [2], ou leurs équivalents masculins Julien Rochedy, Adrien Grosjean ou encore Bruno Clavet [3], elle est en effet mise en avant depuis deux ou trois ans aux côtés de Marine Le Pen, aussi bien en meeting que sur l’estrade, lors de la manifestation du Premier mai (sa dernière apparition a été sous les crépitements des appareils photos des journalistes puisque c’est elle qui déposa, en compagnie de Jean-Marie et Marine Le Pen la gerbe de fleurs au pied de la statue de Jeanne d’Arc le premier mai dernier). Ces jeunes filles et jeunes gens tentent de donner une nouvelle image du FNJ bien plus présentable que celle de leurs prédécesseurs : tâche relativement aisée il est vrai, surtout si on prend l’exemple d’un Alexandre Gabriac, ancien responsable du FNJ Rhône-Alpes, aujourd’hui leader des ex-Jeunesses nationalistes, un des groupuscules d’extrême droite les plus radicaux en activité aujourd’hui.

Collage_Kelly
Kelly lors d’un collage, avec ses amis
JNR

Mais comme on va le voir, Kelly n’est pas qu’un simple faire-valoir, et la cantonner à un rôle de figuration serait injuste pour cette jeune militante. Membre du bureau départemental du FNJ parisien, elle faisait partie de l’équipe de campagne d’Aymeric Chauprade pour les élections européennes de mai dernier. Comme on peut le voir sur la photo ci-contre, elle n’hésite pas non plus à l’occasion à mettre les mains dans la colle. D’ailleurs, il est amusant de voir que derrière les jeunes premiers mis en avant pour la presse, dès que l’on gratte un peu, les militants parisiens du FNJ restent tout de même des bons gros « fafs » comme on dit par chez nous ! Car juste derrière elle, on reconnait un jeune homme qui, bien que non-voyant, a été de toutes les Manifs pour Tous, y compris lors des affrontements avec les forces de l’ordre ; on a pu également le voir, le 9 mai 2013, en train de gueuler des insanités sexistes aux militantes des Femen venues perturber la manifestation organisée par Serge Ayoub, l’ami du meurtrier de Clément Méric, Esteban Morillo…

F. Mariez
Ici à St-Denis avec à ses côtés Franscesco Condemi, compagnon de Béatrice Pignède, et en arrière-plan les bus de Dieudonné. En médaillon, « Le Sachen » avec Marine Le Pen.

Plus cocasse, la présence à ses côtés du jeune homme métis à la longue chevelure, armé de son balai (rexiste ?). On pourrait s’étonner qu’il ne fasse pas partir de cette nouvelle élite mise en avant par Marine LePen tant il fait propre sur lui, si l’on n’avait pas en mémoire les casseroles qu’il se trimballe et qui lui imposent un minimum de discrétion au sein du FN. De son vrai nom Frédéric Mariez, il se fait appeler habituellement Sachen le Matricien, du nom du mouvement éponyme dont il est le créateur, et dont la première conférence a eu lieu en 2012 au Local de Serge Ayoub (encore lui !). Mais avant cela, c’est dans les rangs d’Egalité & Réconciliation qu’on l’avait remarqué, et plus précisément lors de la campagne de la Liste antisioniste du duo antisémite Dieudonné-Soral pour les européennes de 2009. À cette époque, et bien que régulièrement mis à mal par les antifascistes parisiens sur les marchés, Frédéric Mariez ne nous a pas une seule fois fait de démonstration de boxe thaï, qu’il est pourtant censé enseigner à St-Thibault-les-vignes (77)…
Enfin pour en finir avec la jeune Kelly B, notons qu’elle incarne aussi une autre des nouveautés du FN version Marine : l’attirance encore très limitée mais significative [4], d’une partie de la population d’origine juive pour ce nouveau FN et sa présidente. Notre Kelly est en effet issue d’une famille de la communauté juive de St-Mandé (94) : souhaitons qu’elle ait assez d’influence auprès du vieillissant Jean-Marie Le Pen, afin qu’elle et sa famille ne fassent pas partie de la « fournée » dont il vient récemment de faire la promesse à certains (comme Patrick Bruel)…

Notes

[1dont on espère simplement que c’est bien en tant qu’ami qu’il était avec elle, et non en tant que garde du corps, tant il aura été inutile !

[2Encore que pour ces deux dernières l’expérience a tourné court : Estelle Arnal quitta le FN de Saône-et-Loire après une très sale histoire de violences de la part d’un des membres du FN (histoire qui provoqua une véritable inquiétude au sein de l’équipe encore en place) pour se rapprocher du Parti de la France. Quant à Cassandre Fristot, elle démissionna après avoir occupé très brièvement le poste de chef de cabinet de Louis Aliot ; on la retrouve (étonnamment ?) à la première fête de la Droite Forte, le courant de l’UMP dirigé par Guillaume Peltier.

[3Tête de liste FN pour les municipales dans le IIIe arrondissement de Paris, la presse s’était gaussée de ses photos en en slip, quand son nom avait été dévoilé par le FN, photos que le magazine TETU n’aurait pas reniées. Là encore un rude coup sans nul doute pour les homophobes du FN !

[4Significative, car même si dans sa grande majorité, la communauté juive continue à rejeter le FN, le fait que des personnes comme Kelly le rejoignent montre que le FN se normalise. Du côté du Crif, Richard Prasquier souligne désormais la différence entre Marine Le Pen et son père, arguant du fait qu’elle n’a jamais eu de propos antisémites, mais "oubliant" ses amis antisémites comme Frédéric Châtillon…