Dire non au confusionnisme d’Étienne Chouard

Le Collectif Antifasciste de Besançon revient sur le cas d’Étienne Chouard, dont nous avions nous même déjà parlé ici :

Le 14 Avril 2017 est programmée à Besançon (au Petit Kursaal) une conférence intitulée « Quelle société pour demain ? » avec pour invités Philippe Pascot et Étienne Chouard. Si nous ne savons pas qui les a invités, nous savons par contre quel danger représente Chouard : celui du confusionnisme, tapis rouge de l’extrême droite. Nous ne pouvons tolérer ce genre de discours dans une salle publique.

Étienne Chouard
Allô, les fachos ? Oui, c’est Étienne, j’avais envie de discuter…

Professeur d’économie en lycée, Étienne Chouard se fait connaître en 2005 comme défenseur du « NON » au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen. Débattant de celui-ci uniquement sur son blog, Chouard dialogue avec les deux mouvances hostiles au projet : la gauche radicale et l’extrême-droite. La mise-en-place du TCE malgré la victoire du NON l’entraine à simplifier le débat en opposant les anti-UE et les pro-UE, qualifiant ces derniers de « fascistes ». Face aux « oligarques », au « 1% » qui nous gouverne, Chouard propose un autre système, véritablement démocratique selon lui : le tirage au sort pour une Assemblée Constituante. Fort de ses liaisons diverses et variées, il en débat tant avec les organisations de gauche que d’extrême-droite, notamment dans les médias liés à celle-ci (ERTV, TV Libertés, Agoravox TV, Cercle des Volontaires…). En même temps se regroupent autour de lui ses partisan.e.s : les Gentils Virus, militant.e.s de tous bords qui tentent d’infecter partout où cela est possible (Alternatiba, Colibris, M6R…).

Chouard et les Gentils Virus rêvent que tous les opposant.e.s à l’Europe libérale mettent leurs luttes particulières de côté au nom de « l’intérêt général », comprendre « la souveraineté nationale ». Le problème, c’est qu’il y a parmi ces opposant.e.s nombre de réactionnaires qui promeuvent toutes sortes d’oppressions. Faudrait-il cesser de lutter contre leur racisme, leur sexisme et leur homophobie pour une cause collective ? Bémols : il ne peut y avoir de cause collective dans une société comme la nôtre divisée en classes sociales et le cadre national n’a jamais empêché l’exploitation. Pour ces raisons, la plupart de ses interlocuteurs de gauche ont cessé de le fréquenter (Lepage, Lordon…). Pour le reste, qu’ils soient survivalistes (San Giorgio), masculinistes (Durain), conspirationnistes (Meyssan), antisémites (Laurent Louis), néonazis (Landeux), révisionnistes (Blanrue), islamophobes (Ménard), complotistes (Asselineau) ou fascistes (Soral), ceux avec qui il continue d’échanger ont finalement toujours une forme d’oppression à défendre. Le fait que Chouard soit un homme blanc hétéro d’âge mûr ayant un bon emploi (fonctionnaire), un domicile et des papiers explique aussi peut-être cette insouciance. C’est là sa première confusion : le tirage au sort est une fausse bonne idée, car sans suppression préalable des diverses oppressions, ce dispositif ne solutionne rien et propose seulement de livrer à la chance la venue au pouvoir de nouveaux oppresseurs.

besancon-05.07.12-le-fascisme-cest-la-gangrene-on-lelimine-ou-on-en-creve
Besançon

Étienne Chouard donne l’impression d’avoir un message clair, il le martèle : l’ennemi de tout bon citoyen, le véritable fascisme, c’est le capitalisme mondialisé. Voilà l’acrobatie avec laquelle il entend fédérer : les antifascistes se trompent d’ennemi, le fascisme n’a rien à voir avec une idéologie autoritariste, nationaliste et raciste. Telle est sa démarche : opérer des glissements sémantiques pour rendre toute discussion impossible. Or, si le fascisme est en opposition avec le libéralisme, il s’accommode très bien du capitalisme d’État. Qu’il soit national ou mondialisé, le capitalisme est un poison ; mais le fascisme est un concept différent. C’est la deuxième confusion de Chouard. Sa troisième : croire que discuter entre adversaires laisse une chance à certaines convergences alors que s’y refuser n’aboutit qu’à faire perdurer les conflits. Hélas, laisser s’exprimer celleux qui souhaitent nous opprimer consiste à s’auto-opprimer, on ne peut converger qu’avec les personnes qui ne veulent pas nous nuire.

Ainsi, le confusionnisme dont Chouard a fait sa « méthode » n’est qu’un grand déplacement des titres. D’ailleurs, de Soral à Asselineau (candidat UPR qu’il soutient pour l’élection présidentielle), ses affinités n’auront suivi qu’une seule route : celle de l’extrême-droite. Avec un objectif simple : la montée d’une contestation souverainiste qui prend le capitalisme mondialisé pour du fascisme. Objectivement, ne rien comprendre aux palabres de Chouard est l’excellent signe d’une pensée claire.
La contestation des injustices de notre société a besoin de faire sens, c’est pourquoi elle doit impérativement faire barrage aux confusionnistes.

Collectif Antifasciste Besançon (le 03 avril 2017)