Lu sur Dijoncter : suite au rassemblement du premier mars contre l’implantation d’un groupe Génération Identitaire à Dijon, des personnes ont été poursuivies, et l’une d’entre elles tabassée par des membres de Génération Identitaire. Témoignage.

Sortis du centre-ville, on marche dans une rue qui longe le lycée Hippolyte Fontaine en discutant. Quatre personnes arrivent en courant, et avant même que l’on se soit retournés, se mettent à taper sur mon pote. Trois des quatre sont sur lui, je traverse la rue en courant. Un seul me poursuit que je reconnais après-coup comme le porte parole de Génération Identitaire Romain Espino, il me dit : «  bah alors t’as pas besoin de ton pote  ?  »

Je me retourne et me mets à gueuler. Les trois gars sont en train de cogner mon pote au sol en visant la tête. La scène dure une minute. Alerté par mes hurlements, un habitant ouvre ses volets, un gars avec une camionette d’entreprise a fait demi tour et s’est amené pour voir. L’un des fachos a pris le temps d’arracher le drapeau palestinien que mon pote avait et ils sont partis en détalant.

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On les a suivi en courant derrière mais on les a perdu de vue quand ils remontaient le boulevard Carnot. Sûrement un complice les y attendait en voiture. Un automobiliste dans sa Mini s’arrête pour dire que sa copine a bien remarqué que ces 4 gars avaient l’air louches et ils se proposent de faire des tours du quartier pour essayer de les retrouver. Mon pote s’est bien protégé et il n’a que quelques égratignures. Il appelle le 17. On discute avec quelques passants choqués par la scène. Le couple en Mini fait des tours de pâté de maison en vain. La police arrive, prend la description des agresseurs, nos coordonnées et demande le pourquoi des deux drapeaux que mon pote avait : celui de la France et celui de la Palestine. On leur explique la semaine d’implantation des fafs relayée sur leur compte Twitter, la réaction des anti-racistes de Dijon et la marche organisée plus tôt dans la journée. Les policiers ont l’air de bien saisir la situation et déclarent être déterminés à essayer de retrouver les 4 individus. Ils font la description au talkie, des gars de la BAC déclarent contrôler 4 types plus loin mais semblent dire qu’ils ne correspondent pas à la description  ! On va à la voiture de mon pote escortée par la voiture de police.

Puis on décide d’aller à l’hôpital pour faire état des coups reçus et pouvoir porter plainte. On chope une pizza pour manger en attendant. Aux urgences, il y a 5 heures d’attente mais, une médecin généraliste dans un autre bâtiment ausculte mon pote de suite et nous permet de repartir 20 minutes après. On finit nos pizzas dans la voiture en débrieffant sur quel genre de facho ces gars pouvaient être : pas des soraliens puisque plutôt pro-palestiniens, peut-être des types proches de la LDJ ou du Betar  ? On n’en saura pas plus. En tous cas, ça confirme l’importance de la lutte anti-raciste, de l’importance d’avoir des lieux et des moments où se rassembler, se rencontrer, lutter contre les discours dominants qui tentent toujours plus de nous diviser et continuer à construire des réseaux d’amitiés et de confiance qui nous permettent de rester clairvoyant et de rassurer ceux et celles qui ont peur.