Nous révélions hier que la belle histoire racontée par la presse et la préfète Buccio du " riverain excédé " se défendant à l’aide d’une arme " factice " face aux migrants samedi dernier n’avait pas grand-chose à voir avec la réalité : car ce jour-là, c’est un skinhead néonazi qui provoqué et menacé des manifestants avec une arme à feu véritable. Face à ces révélations, largement partagées (plus de 130 000 visites sur notre site), y compris par la presse qui a quand même fini par reconnaître la boulette, des personnalités politiques ont pourtant affirmé leur soutien aux militants d’extrême droite, tandis que la justice, bien obligée, désavouait le travail des policiers, incapables de distinguer un jouet d’une arme véritable…

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Dans la journée, alors que circulaient depuis plus de quatre heures sur les réseaux sociaux les photos montrant sans aucune ambiguïté le profil néonazi de la prétendue victime, Gilbert Collard s’est fendu d’un tweet de soutien en milieu de journée : " Calais, seul contre tous ! ", accompagné d’une photo de David Rougemont. Le très médiatique avocat et député FN proposera d’ailleurs peut-être gracieusement ses services à Gael Rougemont, qui risque d’en avoir besoin. En effet, comme nous le suggérions dès hier, l’arme que Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais, avait qualifiée de "factice" était bien une arme véritable, un fusil de chasse que la famille avait bien entendu "oublié" de déclarer en préfecture, ce qui fait que Gael Rougemont risque désormais d’être poursuivi. Il aurait présenté lors de sa garde à vue une sorte de jouet : les flics, qui savent pourtant reconnaitre une arme à feu quand il s’agit de tirer dans le dos d’une délinquant en fuite, n’y auraient vu que du feu. Pourtant, en 2010, Rougemont, mineur à l’époque, avait déjà été placé en garde à vue pour violences avec arme lors d’une agression de migrants ! Il faudrait mettre du poisson au menu de la cantine du commissariat, c’est bon pour la mémoire…

Racisme d’État

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Hier, Nicolas Sarkozy, en séance de dédicace dans une librairie de Strasbourg pour vendre son livre La France pour la vie (il se serait fait tatouer le titre sur l’avant-bras), a sorti le discours raciste et ultra-sécuritaire qu’il compte nous dérouler jusqu’en 2017 en évoquant la situation des migrants, et il a à ce propos manqué deux bonnes occasions de se taire. La première, c’est quand il a déclaré : " Quand je vois ce qui se passe à Calais et à Sangatte, c’est à l’Etat de faire le travail qui est le sien pour éviter la chienlit ". Pas de chance, il n’y a plus de camp de migrants sur Sangatte depuis 2002 : il devrait le savoir, c’est lui-même qui a fait fermer le centre d’hébergement de la Croix-Rouge quand il était ministre de l’intérieur. Du poisson on vous dit, du poisson… Mais ce n’est pas tout. Il a aussi commenté l’action armée de notre naziskin "excédé" ainsi : " Que devient l’Etat quand on assiste à une telle violence ? Je n’accepterai pas que des personnes en situation irrégulière se permettent de violer l’ordre public sur le territoire de la République française ". À notre connaissance, les Rougemont sont pourtant en France en situation régulière : de qui donc parle-t-il alors ? Quant à l’État, c’est bien lui qui est à l’origine des plus grandes violences faites aux personnes, car c’est bien la fermeture des frontières qui poussent des milliers de personnes, à Calais et ailleurs, à vivre dans des conditions indignes, en leur proposant comme seule alternative de s’entasser dans des camps de type pénitentiaire.
La Horde