Buenos Aires : rencontre avec les antifascistes de la Cultura del Barrio

En voyage en Argentine, nous avons rencontré le mercredi 12 novembre des antifascistes de Buenos Aires, et plus précisément les gens du centre culturel la Cultura del Barrio . Nous avions déjà évoqué la Cultura del Barrio auparavant, quand ils avaient accroché une banderole en hommage à Clément pendant le festival antifasciste de Buenos Aires.

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La Horde : Salut ! Tu peux te présenter et nous expliquer dans quel type de lieu on est ?

Je m’appelle Luis. Je fais partie de l a cultura del barri o . La cu ltura del barrio est un lieu d’amis. C’est un lieu de rencontre où nous fonctionnons comme un groupe social et sportif qui trouve son unité dans la scène skinhead de Buenos Aires. Nous sommes le premier lieu fait par et pour la culture skinhead en Argentine.

LH : tu peux nous dire comment est arrivé et s’est développé la culture skinhead et punk à Buenos Aires en Argentine ?

Le punk a une plus longue histoire, il arrive à la fin des années 70 et au début des années 80, comme en Angleterre. C’est une scène très forte en Argentine. Il y a des groupes de rock argentin qui étaient punks comme At taque 77 et 2 minutos , beaucoup de groupes qui continuent à jouer et qui sont cultes comme Alerta Roja , l o s Baraja , et un paquet d’autres. Le punk a vraiment une grosse histoire et aujourd’hui encore beaucoup de gens sont dedans.

La scène skin est plus petite. ça a mal commencé en Argentine. Ça a commencé avec une vision biaisée de ce que c’est, plus tirée vers la droite. Et les groupes ne représentaient pas l’esprit réel du mouvement skinhead. En réalité, ça a commencé de travers et ça a fait que pas mal de gens, y compris du milieu punk, ont gardé une mauvaise image du mouvement skin. Mais heureusement, des gens comme les gars de Jose C. Paz sont arrivés, avec le fanzine Golpe Justo , puis est née l’Action Antifasciste Buenos Aires, et un paquet de groupes de musique qui ont commencé à apparaître un peu partout : de oi ! avec Q ue risa ! aux Pablo Estar , (qui sont devenus El Espíritu Callejero ) avec des groupes d’ici qui ont aussi disparus, des groupes qui continuent à jouer dans les quartiers populaires, des groupes de ska comme Staya Staya et un tas de groupes qui se sont montés. Avec ces groupes, le nom skin a été lavé des anciens préjugés. Aujourd’hui, nous avons pu créer une forme de culture populaire [ndt : en Argentine « culture de rue »] la plus proche de sa dénomination, comparée à toutes les autres cultures populaires qu’il y a en Argentine.

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LH : vous faites de l’antifascisme, qu’est-ce que ça signifie être antifasciste ? C’est quoi vos pratiques antifascistes ?

Pour nous ici, en Argentine, c’est différent d’autres pays. Nous allons au-delà de ce que nous appelons antifascisme : nous englobons beaucoup plus de choses. Nous avons des ennemis clairs, comme l’État et le système. Nous utilisons le mot antifasciste pour englober un tas de choses. Ici, on ne le voit pas comme des actions directes contre les fascistes ou des trucs dans le genre.

En réalité, même si on a fait ce genre d’actions, comme les virer des concerts, des rues et d’un paquet de lieux, aujourd’hui nous croyons en d’autres façons de faire les choses, comme construire nos propres lieux. En Argentine, il n’y a pas assez de travail ou quand il y en a, il est mal payé, la santé est terrible. Ce genre de questions nous intéressent plus qu’une personne qui se déguise en quelque chose qu’elle n’est pas.

L’action directe, c’est essayer de créer des coopératives, de créer des sources de travail. Une des personnes de notre groupe milite aussi dans l’éducation populaire. Notre lutte vient de la création d’une coopérative de travail, du mouvement d’occupation et de réoccupation d’usines [autogérées], des assemblées de 20011. Notre but est de donner des réponses dans chaque lieu, bien plus que d’avoir comme unique ennemi le facho. Nous allons plus loin et je crois que pendant ces années, nous avons construit énormément et nous construisons encore énormément.

LH : quand tu dis « englober un tas de choses », tu parle de l’anticapitalisme et l’antisexisme par exemple ?

Ouais, c’est clair, aussi. C’est clair parce qu’on ne veut pas rester dans quelque chose de trop restreint, et nous essayons toujours d’amplifier.

LH : c’est une lutte globale ?

Bien sûr. C’est pour ça qu’on était en 2001 dans les assemblées, dans les mouvements de réoccupation, avec les piqueteros2, la coordination contre la répression politique et institutionnelle [COREPI], contre les expulsions de lieux, dans un paquet de lieux, soutenant un paquet de luttes, ...

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LH : quel est le contexte politique argentin actuel ?

Aujourd’hui en réalité l’Argentine a un très grand problème, beaucoup de gens de base se sont mis au kirchnerisme3 parce que si tu n’étais pas avec le kirchnerisme, t’étais niqué : ils ne te donnaient pas les trucs nécessaires, les cantines populaires et un paquet d’autres lieux se fermaient.

Aujourd’hui, le mot "militantisme" en Argentine est batardisé, on l’utilise pour tout et rien, il n’a plus aucun sens. Il est acheté, payé. La politique argentine est une politique presque exclusivement de partis. Je crois qu’en Argentine, nous en sommes à un point horrible : comparé à d’autres années, plus anciennes, plus noires, il n’y a pas d’ennemi clair. Tout le monde est l’ennemi. D’un côté, ils te disent un truc, de l’autre, ils t’en disent un autre. Les multinationales sont contre le gouvernement, le gouvernement est contre les multinationales, alors qu’au final, ils font la même chose.

Nous on a un refus total du partisme [politique par les partis], nous sommes contre tous les partis, nous croyons en la base. Mais aujourd’hui, il y a un manque de valeurs et de véritable engagement dans le militantisme.

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LH : alors, est-ce qu’il y a un mouvement antifasciste qui se développe dans tout le pays ou L a cultura del barrio reste seule et isolée ?

Non. Il y a les gens de Trelew, le SHARP Patagonia, l’Action Antifa Jujuy, Tucúman, les gens de Rosario qui ont fait la JAR (Jeunesse Antifasciste de Rosario) qui organisent et en sont à leur 4e ou 5e festival à Rosario. Il y a des groupes partout, ça ne se centralise pas. Il y a les gens de Que Risa ! qui ont une histoire en tant que groupe de oi ! depuis les années 90. Notre existence est postérieure à eux, mais beaucoup d’entre nous étaient dans l’Action Antifa.

Mais oui, il y en a partout, pas seulement dans la capitale, il y en a à l’ouest, la première publication SHARP est sortie par les gens de Jose C. Paz à l’est, au nord-est, y en a partout, heureusement y en a partout, ça c’est bien.

LH : de notre point de vue, il y a en Argentine un racisme institutionnel et social : contre les peuples originels depuis la colonisation et contre la classe la plus pauvre qui vit dans les villas miserias [bidonvilles], appelés "los negros" par la société. Qu’en penses-tu ?

Je crois que c’est comme ça. C’est plus la classe moyenne voire la classe moyenne basse qui est totalement raciste. C’est toujours la faute aux péruviens qui vendent la drogue, aux boliviens ceci, aux paraguayens cela. Même dans les chants des supporters de foot, on le voit aussi. C’est comme si la nationalité est une insulte, et ça c’est très ancré, même chez les jeunes parce qu’ils sont influencés par la musique qu’ils écoutent : pas dans le rap, ni dans le punk, mais pour la plupart dans la cumbia ou le rock. Même dans les villas miserias [« bidonvilles »], celui qui vit dans une rue de terre battue est différent de celui qui vit ailleurs. Nous travaillons beaucoup dans le bidonville Maciel, et c’est une chose que l’on voit régulièrement. Nous avons une cantine dans la partie toute en terre de la villa, la partie la plus pauvre, et les autres gens qui vivent là sur l’asphalte, dans les rues goudronnées, insultent les autres de villeros [miséreux, habitant des villas miserias].

Ce racisme a une grande part de responsabilité dans la construction de la délinquance. Au lieu de la voir comme une conséquence d’un système injuste, tout est fait pour que ce soit toujours la faute des gens déterminés par la manière dont ils parlent, par la musique, par le fait d’être de la villa. C’est toujours eux les coupables.

Tu es coupable d’être né pauvre. Le délit est de voler, des chaussures, un téléphone ou n’importe quoi. Le délit ne vient jamais des politiques, d’un paquet de gens qui ont fait que le pays s’est effondré, ceux là ne sont jamais coupables, c’est toujours la faute des gens pauvres. C’est pour ça que les prisons d’Argentine sont pleines de pauvres, 99,9% des gens qui y sont sont des pauvres. Le système carcéral argentin est terrible. Nous avons des camarades emprisonnés, des amis prisonniers et leur rendre visite est terrible. Les voir et voir dans quel état sont les prisons d’Argentine, c’est horrible et voir qu’ils punissent des conséquences qu’ils créent eux mêmes. Le système tend toujours des pièges et après, en plus de ça, ils t’enferment, c’est affreux. Ils pourraient permettre plus d’éducation, plus de santé, et d’autres choses dans le genre, mais non. Le contrôle est plus facile, tuer quelqu’un est facile, la balle ne coûte rien. Aujourd’hui, même si nous ne sommes plus en dictature ni en rien de comparable, il y a eu un paquet de jeunes disparus qui ont été tués par la police. Il continue de se passer exactement la même chose, c’est ça la démocratie argentine ! Mais même en choisissant le moins pire, ce n’est pas une solution. De toute façon, nous ne croyons pas en la démocratie, mais bon, voilà où nous en sommes.

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LH : alors il y a beaucoup de violences et de crimes policiers. Il y a des gens qui s’organisent pour lutter contre la répression policière ?

Oui, l’organisation la plus connue est la COREPI, la COordination contre la RÉpression Policière et Institutionnelle. Ils ont créé des archives qui recensent tous les cas de gâchette facile, et les cas dont la version officielle est aberrante, mais qui reste soutenue par la police. Ce sont les seuls que je connaisse qui répertorient les cas, mais il doit sûrement en avoir d’autres que je ne connais pas.

LH : de 1976 à 1983 il y a eu une dictature militaire au pouvoir. 30 000 personnes ont disparu, elles ont été séquestrées dans les centres de détention clandestins de torture et d’extermination. Les enlèvements politiques ont commencé avant la dictature (avec l’Alliance Anticommuniste Argentine) et continuent aujourd’hui (contre les témoins aux procès, comme Julio López). Que reste-t-il des fascistes et des militaires ? Ils sont dangereux pour vous, vous luttez contre eux ?

Les militaires en Argentine ont perdu tout pouvoir. Mais, dans les années 90, il se passait beaucoup plus de choses horribles qu’aujourd’hui. Il y avait un truc appelé r ace p olicière, et un paquet d’assassinats policiers. Par exemple, les punks ont été énormément réprimés parce qu’ils étaient dans le collimateur des flics pour leur "apparence", ou des choses terribles comme ça : parce que tu es d’une minorité, parce que tu traînes dans la rue, ce genre de choses. Heureusement, après ils ont perdu leur postes.

Mais aujourd’hui, notre véritable ennemi est le système et il s’incarne dans la police parce que c’est le plus frappant que nous avons, que nous avons eu et que nous aurons. Parce que ce sont eux qu’on voit le plus, qui sont le plus dans la rue, et qui continuent à agir de la même façon que dans les années 70. Ils continuent de faire un tas de trucs comme avant : par exemple, des camarades ont été arrêtés et emmenés dans le 2e commissariat. Là-bas, ils les ont torturés avec la technique du sous-marin : ils te mettent la tête dans un sac et la plongent dans l’eau, la relève etc. La picana [gégène] quand à elle se pratique encore mais avec les tasers.

En Argentine, la police contrôle les drogues, les armes et la prostitution. Ce sont eux qui dirigent tout, le crime pour tout dire c’est eux. La police, c’est la mafia. On peut pas s’en débarrasser. Ils vivent dans les gendarmeries ou autrement dans les préfectures, et même la bonarense [police provinciale de Buenos Aires] fait la même chose. Ils ont tous un passé terrible, et leur présent est pareil : ils continuent de faire ce qu’ils veulent. Maintenant le gouvernement de Kirchner a commencé à mettre en place la main dure [politique proche de la t olérance z éro ] parce que c’est une réclamation des gens. Alors ils ont commencé à réprimer les gens qui protestent et malheureusement, il y a un paquet de gens qui, aujourd’hui, ne pensent que par le thème de la sécurité. Et maintenant, il y a la main dure parce que le peuple le veut. Il y a aussi un bombardement permanent des médias qui disent : il y a de l’insécurité, insécurité, insécurité ! Le mot insécurité n’a rien à voir avec le crime. La véritable insécurité, c’est ne pas avoir de travail et avoir faim. Pour nous, l’insécurité est plus présente dans la province de la capitale, avec Macri au gouvernement, qui est une personne qui répond à des intérêts patronaux, des intérêts économiques. Ce type là, rien ne lui importe plus que l’argent et les personnes qui ont de l’argent.

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LH : il y a en Argentine un important travail de mémoire : on le voit sur chaque mur, dans chaque rue. Aujourd’hui les investigations continuent pour combattre l’impunité. Vous faites aussi du travail de mémoire dans votre lutte antifasciste ?

Sur ce thème, par exemple, le premier festival antifasciste que nous avons organisé dans la rue s’est déroulé un 24 mars4. Depuis ce jour là, on essaie de toujours avoir notre point de vue. Ce qu’il se passe c’est que le gouvernement est présent tous les 24 mars. Pour nous, le fait de manifester avec des gens avec qui nous n’avons rien à voir c’est compliqué. Les dernières fois, nous avons fait des tracts exprimant notre point de vue : que des choses similaires à celles de la dictature continuent de se passer, que tout n’est pas au mieux, que les gens ne sont pas morts en vain, etc...

Je crois que ce fut nos actions les plus importantes sur ces dates clefs. Nous n’avons pas la nécessité de faire ce travail tout le temps, mais plutôt de le cibler sur des dates précises et symboliques.

Beaucoup de jeunes présents à ces commémorations ont des idéologies différentes : les plus péronistes se souviendront plus que les autres, tout comme les gens encore plus de gauche.

Mais bon, nous aussi ça nous touche, c’est notre histoire et c’est bien de la connaître. Aujourd’hui, avec les nouveaux moyens de communication comme internet, plus de gens font des recherches, et l’information est plus amplement partagée. Avant, il n’y avait pas de livres sur ce qu’il s’est passé dans les années 70 et antérieures. Par exemple, l’histoire des groupes armés, comme les Montoneros, n’était pas très connue. Ou du moins par quelques uns, ceux qui voulaient s’informer, mais sinon les médias n’en parlaient pas. C’est une partie de l’histoire qui est aussi la notre, celle des groupes armés.

LH : on a entendu parler qu’un jeune punk a été assassiné avant-hier par un gang néonazi à Santiago du Chili. Il existe ce type de violences ici avec les néonazis, une violence anti-antifa ?

Non, en Argentine, ils sont très peu, vraiment très peu.

Oui, il y a des bagarres de rue, mais comme il y en a partout. Il y aurait eu un mort, une personne se disant nazie serait morte, mais comme il n’y a quasiment pas d’organisations et qu’ils ont quasiment disparus, on ne saura jamais si c’est la vérité ou pas.

Bien sûr, on a eu des problèmes avec eux mais on s’est rendu compte que la violence injustifiée ne mène à rien. De plus, c’est leur seule forme qu’ils ont pour attirer l’attention, cette violence, ils ne peuvent faire que ça. Mais, ils ne sont pas dangereux, ils ne sont pas organisés, ils sont peu, quand on les voit ils sont 20. Avant, il y en avait plus, ils avaient même un parti. Aujourd’hui, ils ont un type qui s’appelle Biondini, qui veut se mettre du côté du système, faire les choses bien, avoir un parti, ramasser des votes. Mais, en réalité, le problème est plus ancré en Colombie, au Chili où la mouvance est plus grande qu’ici, et sans parler de l’Europe.

Les plus violents que l’on peut trouver sont au Brésil. Il n’y a aucune comparaison entre la violence au Brésil et en Argentine. Ici, il ne se passe rien. Une bagarre peut-être, de temps en temps, mais les jeunes peuvent sortir comme ils sont [lookés] sans qu’il ne se passe rien. La zone nord de l’Argentine est un peu plus tendue, elle a toujours était une zone avec beaucoup de fachos. Mais ce n’est pas non plus préoccupant. Du moins pas aujourd’hui car ils ne font rien, ils n’ont presque plus aucun groupe, les groupes de musique sont tellement mauvais qu’il n’y a personne aux concerts. Ils sont 50, alors que nous sommes plus nombreux quand on fait un barbecue !

LH : revenons-en à la cultura del barrio. Comment fonctionne le centre culturel, quels sont les activités, combien de personnes aident à faire vivre le lieu ?

Nous sommes un peu plus de dix personnes. Il y en a qui s’occupent de la partie sportive et d’autres plus de la partie culturelle comme la musique. On essaie de se partager les activités. Nous gérons notre lieu de manière horizontale, on décide tou.te.s, même si quelques uns sont plus impliqués que d’autres, mais on essaie que ça soit comme ça. Quand il y a une nouvelle proposition, on essaie de l’étudier au maximum. Nous sommes un club social et sportif et un lieu de réunion. Les lundis, mercredis et vendredis, il y a boxe. Du jeudi au dimanche, il y a des concerts. Les mardis, on a commencé un cycle de ciné. Nous avons aussi un atelier de sérigraphie. Il y a même eu des ateliers de confection de chaussures par exemple et un tas d’autres choses. On essaie de faire de tout. Nous sommes ouverts, quiconque peut venir et proposer quelque chose pour le lieu, on essaie de ne pas être fermés. Demain [jeudi], il y a un concert punk, vendredi du hardcore, samedi encore du punk, dimanche du rap et jeudi prochain de la oi !, et après du ska, etc.. On ne se ferme pas, et ça me parait être le plus gros succès du lieu.

LH : depuis combien de temps existe le lieu ?

On a fêté nos 3 ans il y a un mois, mais on vient d’un paquet d’activités antérieures, on se connaît depuis 2001 avec l’Action Antifasciste de Buenos Aires, depuis les assemblées et de tous ces moments là. On vient de là.

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LH : tu peux nous parler un peu de l’Action Antifasciste de Buenos Aires ?

Ça n’a pas duré longtemps, de 2001 à 2004. Mais, je crois que nos plus grandes actions n’ont pas été menées sous ce nom. Notre action s’est plus située dans la participation aux mouvements sociaux. Nous avions occupé un lieu à Avellaneda, puis on a créé un centre culturel, lui aussi dans un lieu occupé. Ensuite, on a mis en place une coopérative de travail dans un autre lieu de la Avellaneda, où nous faisions un atelier textile, une boulangerie et des cantines, entre autres. On a commencé le festival antifa, et nous avons lancé le mouvement skin de Buenos Aires. Avant cela, il n’y avait pas de groupes de musique, nous avons formé 2 groupes pour commencer, puis d’autres ont suivi. Il y a eu de plus en plus de monde et l’Action Antifasciste a réellement commencé.

Les gens du fanzine Golpe Justo ont permis à l’Action d’avoir une identité populaire qu’elle n’avait pas. Nous avons été très présents dans les concerts, dans les rues, dans les manifs et je crois que c’est grâce à ça, qu’aujourd’hui, nous en sommes là. S’il n’y avait pas eu ces actions, nous ne pourrions pas exister.

LH : merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Tu veux rajouter quelque chose ?

Merci à vous pour votre intérêt, de venir de France et de vous intéresser à notre lieu, c’est fou, je n’aurais jamais pu le penser.

J’apporte mon soutien aux personnes de tous pays et du monde qui font la même chose que nous. De notre côté, nous continuons avec notre mouvement, nous croyons que le mouvement skin est un beau mouvement, qu’il est la culture populaire la plus belle qui puisse exister. Et pour cela, il faut continuer, continuer à faire les choses de cette façon et toujours aller plus loin.

1En 2001, l’Argentine a connue une des plus grosses crises économiques de son Histoire. Des milliers de personnes se sont retrouvées à la rue, expulsées de leur travail, car les patrons avaient déserté les lieux.

2Mouvement de lutte sociale, qui est apparu dans les années 90 qui se caractérise par le blocage des axes de communication physique et avec des barricades faites de pneus enflammés.

3Kirchnerisme = politiqueissue du péronisme propre à Nestor Kirchner et Cristina Kirchner, actuellement présidente.

4Jour de commémoration national du coup d’État du 24 mars 1976.

Pour aller plus loin voir le site internet et le facebook de la Cultura del Barrio.