Brest : Retour sur la contre manif antifa du 10 octobre

Brest—antifa

Le samedi 10 octobre divers groupes d’extrême droite (Adsav, Résistance Républicaine, Riposte Laïque et certains militant-es du Front national) appelaient à un rassemblement Place de la liberté pour réclamer la fermeture de la mosquée de Pontanézen. Des antifascistes brestoi-ses avaient organisés un contre rassemblement pour ne pas laisser librement l’extrême droite se rassembler et lui faire face. voici un compte rendu subjectif des événements livré par quelques personnes présentes.

9h30 : 

Rendez-vous pris !
Nous nous retrouvons sur le parvis de la Faculté Victor Segalen (Brest), on avait pas de mot d’ordre particulier, pourtant la majorité d’entre nous est de noir vêtu, a sorti sa plus belle paire de lunettes de soleil et son bandana.
Nous commençons à être une bonne centaine.
Nous sortons et déployons les banderoles, distribuons des notes d’informations et discutons les uns avec les autres.
Aux abords de la fac, nous observons la présence des forces de l’ordre.

10h00 :

Nous faisons vibrer le mégaphone et entamons la première lecture du texte dénonçant l’instrumentalisation raciste et islamophobe des propos de l’imam(propos que nous ne cautionnons d’ailleurs pas) 
Nous expliquons aussi aux personnes présentes comment est censé se dérouler le contre-rassemblement et le déplacement vers la Place de la Liberté.

10h10 :

Nous partons et avançons Avenue Clemenceau, face à nous, un premier cordon de CRS, nous bifurquons sur la droite rue de Siam et voulons passer par le bas de la place mais la police bloque l’accès au tunnel, nous sommes donc contraint-e-s de contourner à nouveau et de remonter jusqu’à l’autre côté de la place de la liberté. 
Nous sommes, une fois de plus, dévié-e-s et bloqué-e-s sur le chemin ferré du tramway. Nous ne pouvons pas accéder librement à l’esplanade de la mairie.
Nous observons quelques personnes commençant à se regrouper et à se tourner vers nous.
Nous reconnaissons certains membres du Front national local et de Résistance Républicaine.
A partir de là, les premières insultent fusent et nous répondons, uni-e-s et criant.
Nous assurons l’animation avec des effets pyrotechniques (pétards, fumigènes colorés), un maniement habile du mégaphone (slogans et autres exclamations) ainsi qu’une nouvelle lecture du texte.
Nous entendons très distinctement un de leur slogan "on entend plus chanter Clément Méric", nous sommes agacé-e-s, nous sommes énervé-e-s, nous sommes touché-e-s en plein cœur, pourquoi cet irrespect et ce manque d’intelligence permanent et récurrent ? 
Nous faisons face et nous repartons de plus belle dans les irrévérences rythmées, mêlant nos voix unies.

11h30 : 

Nous apercevons des motards de la police nationale provenir du bas de la place de la Liberté, du tunnel, derrière eux un groupe d’individus avec plusieurs drapeaux et des fumigènes.
Nos cœurs s’accélèrent, notre sang ne fait qu’un tour, nous les voyons arriver, nous les voyons s’avancer et se regrouper, ils tentent de jeter des fumigènes et autres projectiles en direction de notre cortège, leurs essais ne sont à vrai dire pas très concluants...Leurs projectiles atterrissent aux pieds des forces de l’ordre.
Nous identifions le porte parole d’Adsav, ainsi qu’une petite partie de la tribune ultra nantaise.
C’est la débandade, ils beuglent des chansons incompréhensibles, nous scandons des slogans antifascistes.
C’est une pluie d’injures qui s’abat d’un côté comme de l’autre. Ils aboient, gesticulent et brandissent leurs drapeaux. Nous ne faisons plus de politesse, nous restons indélicat-e-s et offensif-ve-s, nous sommes uni-e-s, nous faisons bloc, ensemble.
Les tensions s’apaisent un peu, nous interagissons avec la population qui ne comprend ni l’un ni l’autre des rassemblements, nous sommes plusieurs à discuter avec des gens et à leur expliquer la situation, nous leur donnons des tracts, nous entamons des conversations.
Pendant ce temps, un manifestant s’est trompé de cortège, s’est fait raccompagner (gentiment) à l’extérieur de notre rassemblement et a rejoint un groupe de policiers en civil.

12h00 :

Nous décidons de quitter les rails du tram et de nous diriger vers la rue Jean Jaurès en cortège.
Nous continuons à nous époumoner le long de la rue Jean Jaurès et relisons notre texte avant de commencer à nous disperser tranquillement en restant vigilant-e-s.
La tension est redescendue d’un cran......mais pas pour longtemps !

15h00  :

La rumeur court que les plus énervés des manifestants d’extrême droite sont place Guérin, ils nous cherchent, ils sont une dizaine.
Branle bas de combat ! En moins de vingt minutes nous sommes là où ils nous attendent.
Entre temps, ils se font bloquer et disperser par la police 
Nous nous rassemblons, nous sommes une bonne trentaine, nous décidons de nous diriger vers la place de la Liberté car un rassemblement AFPS (Association France Palestine Solidarité) doit s’y tenir et nous ne voulons pas qu’il y ait d’échauffourées.
Nous arrivons devant la mairie, nous apprenons que le rassemblement France-Palestine est écarté de la place pour laisser la manifestation des parapluies se produire.
Nous nous retrouvons entouré-e-s de parapluies rose et vert... que faisons nous là...?
Nous sommes vite prévenu-e-s qu’ils sont descendus au port et qu’ils font des salut nazis au parc à chaînes, là où se tient le Festival intergalactique.
Nous faisons route en direction du port.
En fin de parcours, nous croisons la police qui nous questionne, on ne donne pas de réponse et on continue, on feinte à travers les terrains vagues.
Les forces de police sont présentes mais on les ignore.
Nous arrivons au parc à chaînes, la police nous talonne mais nous a aussi devancé.
Les manifestants d’extrême-droite nous accueillent avec des projectiles et un flot d’injures.
Nous nous retrouvons dans le même schéma que ce matin, eux/la police/nous. La police répond au même mot d’ordre que le matin : empêcher la confrontation.
La police nous fait la morale entre échange de quelques projectiles, puis un jeune énergumène vêtu d’un couvre-chef Petit bateau tente de nous faire une leçon de féminisme, il sous-entend d’ailleurs fortement que les femmes de la ville vont se faire violer par les musulmans, entre autres propos qui ont tous pour but de nous insulter et nous blesser.
Au bout de quelques minutes pendant lesquelles nous répondons à leurs provocations en leur disant de se barrer de là, le porte parole d’Adsav arrive et rappelle ses sbires à l’ordre, accompagnés par les forces de l’ordre.
Nous décidons de remonter vers le centre-ville et nous nous dispersons à nouveau, jusqu’ à la prochaine fois ...