Brésil : communiqués suite à l’élection de Bolsonaro

Suite à l’arrivée au pouvoir du candidat d’extrême droite Bolsonaro, nostalgique de la dictature militaire, le site antifasciste VISA reproduit ci-après 3 communiqués syndicaux (Intersyndicale Guyanne, CSP Conlutas, Confédération Paysanne).

Communiqué Union des Travailleurs Guyanais - UTG, Fédération Syndicale Unitaire - FSU, SUD éducation Guyane

BRESIL : DESORDRE ET REGRESSION ?
Notre voisin, le Brésil, vient d’élire son nouveau président. La jeune démocratie brésilienne a fait le choix d’un président homophobe, misogyne, raciste et nostalgique de la dictature militaire, qui dura jusqu’en 1985. Ce virage à l’extrême droite marque un tournant inquiétant dans la démocratie brésilienne.
Nos organisations syndicales tiennent à réaffirmer aujourd’hui publiquement leur attachement fondamental aux valeurs de démocratie, de justice sociale et de tolérance. Pour nous, les combats à mener pour la construction d’une Guyane plus juste, dans son environnement Amazonien, seront ceux qui affirmeront l’égalité des hommes et des femmes, l’égalité des peuples, la lutte contre la pauvreté par l’accès à la santé, au logement et à l’éducation pour toutes et tous.
Nous sommes et resterons solidaires de toutes celles et ceux qui partagent nos valeurs. Leurs luttes, où qu’elles soient, sont nos combats.
Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes.
Solidarité internationale !
le 29 octobre 2018

Communiqué du Secrétariat exécutif national de CSP-Conlutas

Bolsonaro arrive au pouvoir avec 57 797 456 voix (55,13% des voix valablement exprimées), contre 47 040 829 de voix pour Fernando Haddad (44,87% des voix valablement exprimées). Les votes blancs et nuls et les abstentions ont atteint un record, avec de plus de 42 millions d’électeurs.
Les élections, avec de nombreuses contradictions, ont montré la grande insatisfaction de la classe ouvrière et de la majorité de la population à l’égard des hommes politiques et de leurs partis. Mais le manque de perspective face à la crise économique et la désillusion suscitée par les gouvernements PT et leur adaptation à la logique du système pourri, y compris la corruption, ont renforcé l’option d’extrême droite.
Cependant, la lutte contre l’élection de Bolsonaro a mobilisé de larges secteurs d’ouvriers, d’étudiants, d’opprimés et de démocrates de la société civile, son programme de gouvernement représentant ce qui est le plus dangereux pour la classe ouvrière et le pays : des attaques contre les libertés démocratiques et les droits ; une politique économique ultra-libérale et la braderie de notre richesse collective et de notre souveraineté avec la privatisation de toutes les entreprises publiques ; un manque de respect pour les droits de l’homme et un discours haineux contre les secteurs opprimés.
Les discours du nouveau président et de son équipe, peu de temps après le résultat des élections, réaffirment les positions et les mesures que le nouveau gouvernement entend mettre en pratique, qui représentent des menaces pour les travailleurs, telles que la mise en place d’une réforme des retraites, au début du prochain gouvernement.
Dans une note pour le 2e tour des élections, le Secrétariat exécutif national du CSP-Conlutas avait exprimé la position de la centrale selon laquelle il était nécessaire de vaincre Bolsonaro dans les urnes et dans les rues. Quel que soit le gouvernement élu, CSP-Conlutas se présentait comme une opposition et appelait à l’intensification de la résistance, de l’organisation et de la lutte contre quiconque attaquant les travailleurs.
Nous réaffirmons notre position. Nous réaffirmons que le terrain principal, pour nous, pour vaincre les projets dictatoriaux et les attaques contre les droits du peuple est celui de la lutte directe, basée sur l’indépendance de note classe sixième et sur la démocratie ouvrière.
Le résultat électoral polarisé montre que Bolsonaro n’a pas reçu de "carte blanche" de la grande majorité des Brésiliens.
C’est pourquoi nous appelons les travailleurs et les pauvres, quel que soit le candidat pour lequel ils ont voté, à assurer l’unité de notre classe et à se préparer à se battre, car personne ne veut la fin de sa retraite, comme ils le souhaitent, ni aggraver la crise dans le pays.
Nous lançons également un appel immédiat aux centrales syndicales et aux organisations du mouvement social afin qu’elles construisent la plus grande unité d’action contre les atteintes à nos droits et à la défense des libertés démocratiques.
Le combat ne fait que commencer. C’est l’heure de la résistance, de l’organisation et de la lutte !
São Paulo, le 29 octobre 201

Communiqué Confédération Paysanne : L’inquiétante victoire du candidat d’extrême droite, champion de l’oligarchie terrienne brésilienne

Dimanche le verdict est tombé au Brésil. Le candidat d’extrême droite, dont les déclarations font froid dans le dos, a été élu. Durant la campagne, Jair Bolsonaro s’en est notamment pris aux Amérindiens et aux paysans sans terre : « Il faut éradiquer les Indiens, c’est un peuple trop indolent », a-t-il asséné pour les premiers, qualifiant les seconds « de terroristes", qu’il chasseraità « coups de fusils ».
En ciblant le Mouvement des Sans Terre (MST), Jair Bolsonaro rappelle qu’il est aussi le candidat de l’oligarchie des grands propriétaires fonciers qui ont toujours refusé, y compris par la violence, toute réforme agraire dans un des pays les plus vastes du monde. La Confédération paysanne ne peut donc qu’être inquiète de sa volonté de libéraliser totalement l’usage des armes, dans un pays déjà connu pour sa violence.
Il est à craindre que les paysannes et paysans sans terre ainsi que les Amérindiens soient les premières victimes du nouveau pouvoir avec la forêt amazonienne qui va subir la ruée des agro-managers. Tout comme les États-Unis, le Brésil pourrait aussi sortir des accords de Paris sur le climat. L’ensemble de la planète, et avant tout les Brésiliennes et Brésiliens, ont tout à perdre de ce virage hasardeux.
La Confédération paysanne, membre fondateur de la Via Campesina, soutient résolument le combat de celles et ceux qui luttent pour vivre dignement d’une agriculture paysanne durable. Elle fera tout pour les aider dans leur combat.