Besançon : compte rendu de la mobilisation de ce week-end pour Clément

Lu sur le site du Collectif Antifasciste de Besançon :

Dans le cadre du week-end de mobilisation antifasciste, la projection du documentaire « Acta Non Verba » vendredi 5 juin a réuni moins d’une trentaine de personnes à la salle des Epoisses. La projection a été suivi par un débat lors du quel les questions sur le sexisme, le sport, la violence, les squats ont été évoquées mais également quel renouveau pour l’antifascisme en Europe et en France, et de sa place dans la lutte anti-capitaliste.

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Samedi 6 juin à 15h sous un soleil « fort chaleureux » place Pasteur, nous étions environ 80, chaque groupe signataire étant présent, pour rendre hommage à Clément Méric mort il y a 2 ans, pour rappeler que l’extrême droite tue, que l’extrême droite assassine, que l’idéologie nauséabondes du Front National a contaminé les sphères médiatique et politique et nous nous devons de rester solidaires, de continuer la lutte et vaincre.

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Intervention de l’AMEB Solidaires Etudiant-e-s :
Nous remercions l’ensemble des organisations politiques, syndicales et associatives qui ont œuvré dans l’unité à l’organisation de ce weekend de mobilisation contre l’extrême-droite : Action Populaire, AMEB Solidaires Etudiant-e-s, Collectif Antifasciste de Besançon, Comité de défense des droits et libertés des étrangers, Ensemble, Fédération Anarchiste, Fédération Syndicale Unitaire, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, le Resto-Trottoir et l’Union Syndicale Solidaires.

Il y a deux ans, le 5 juin 2013, notre camarade Clément était tué par des militants d’extrême-droite. Clément Méric, étudiant à Science Po à Paris, était syndicaliste à Solidaires Etudiant-e-s et militait au sein de l’Action antifasciste Paris-Banlieue.

L’an dernier déjà, un an après sa mort, nous faisions le constat alarmant de la dangereuse progression de l’extrême-droite et de ses idées. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer :

les groupuscules fascistes continuent de prospérer, et leurs discours racistes, antisémites ou islamophobes ont chaque jour une audience plus importante ;
les agressions racistes, sexistes, homophobes n’ont pas cessé. Pire, les agressions islamophobes, déjà en hausse significative ces dernières années, ont explosé depuis les attentats de janvier, tandis qu’un climat de peur du musulman s’instaure dans le pays, relayé par une large partie de la sphère politique.
Enfin, les idées nauséabondes du Front National ont contaminé les sphères médiatique et politique. Chaque nouvelle échéance électorale apporte son nouveau lot d’élus frontistes. Le Front National, en passe de devenir le premier parti de France, confirme ainsi son ancrage dans la société, aidé en cela par la banalisation et la dédiabolisation dont il bénéficie dans les médias.
On voudrait nous faire croire que le Front National a changé, mais derrière le masque de Marine se cache toujours le visage de Jean-Marie, le visage du tortionnaire en Algérie, le visage du nostalgique de Pétain, le visage du millionnaire du château de Montretout, le visage du fascisme. De tout temps, la famille Le Pen s’est toujours rangée du côté du patronat et de la bourgeoisie, contre les conquêtes de la classe ouvrière, contre les droits des femmes, contre les minorités opprimées, contre les travailleurs sans papiers exploités, contre les syndicalistes en lutte… Ne nous y trompons pas, aujourd’hui comme hier le Front National reste le pire ennemi des travailleurs.

Cependant, le gouvernement actuel endosse une très forte responsabilité dans la montée du FN, en inscrivant sa politique dans la continuité de toutes celles, nourries par les idées d’extrême-droite, menées auparavant par la droite. La désignation de boucs-émissaires, les expulsions de sans-papiers, la chasse aux roms, les stigmatisations, l’islamophobie, le racisme et la violence de classe contre les couches populaires, la surveillance généralisée, les violences policières, et la répression des mouvements sociaux sont quotidiennes et se sont même aggravées sous ce gouvernement pseudo-socialiste.

Les politiques antisociales et « austéritaires » des gouvernements de gauche comme de droite font également le lit du Front national. Les services publics sont massacrés, le chômage ne cesse d’augmenter et la précarité touche désormais tous les secteurs. Dans ce contexte de crise, il est facile pour les fascistes de désigner les travailleurs immigrés comme responsables, en oubliant que c’est les patrons et les actionnaires qui licencient, qui imposent des salaires de misère et qui engrangent des profits toujours plus grands.

Sur le plan économique et social, loin de lutter contre les inégalités, Valls et son gouvernement multiplient les attaques contre les travailleurs et les classes populaires, alimentant ainsi le terreau de l’extrême-droite. Dernière mesure en date, la loi Macron, dictée par le MEDEF, qui impose de nouveaux reculs sociaux, au mépris des centaines de milliers de personnes descendues dans la rue pour s’y opposer ces derniers mois.

Dès lors, si les récents scores électoraux du FN aggravent notre colère, le simple antiracisme moral n’est pas suffisant. Le mouvement antifasciste ne pourra porter ses fruits que s’il est lié à un véritable projet d’égalité radicale s’inscrivant dans les luttes contre toutes les oppressions racistes, sexistes, homophobes, et contre les inégalités sociales.

Aussi, autogérer nos luttes, jusque dans tous nos espaces quotidiens, est un acte antifasciste.
Développer une éducation libre, gratuite et critique, de la crèche jusqu’à l’enseignement supérieur, est un acte antifasciste.
Lutter pour un travail émancipateur est un acte antifasciste.
Réfléchir les rapports de domination qui se jouent à chaque moment de nos vies, et travailler à les éradiquer, est un acte antifasciste.
Régulariser tous les sans-papiers, organiser la solidarité avec les migrants et s’opposer à l’Europe forteresse est un acte antifasciste.
Permettre à toutes et tous l’accès à un logement et à un revenu décent est un acte antifasciste.
Se battre pour empêcher les licenciements, les fermetures d’entreprises et développer les droits syndicaux, est un acte antifasciste.
Faire entendre notre voix, coûte que coûte, est un acte antifasciste.

Organisons la solidarité, et arrêtons de leur donner la parole, ils l’ont trop. Ils l’ont quand ils agressent. Ils l’ont quand une école ferme, et quand un centre de rétention ouvre. Ils l’ont quand un-e camarade meurt.
Deux ans après sa mort, porter la mémoire de Clément prend sens dans la continuation de ses combats, contre l’extrême-droite et contre ceux qui sont responsables de sa progression. C’est sur ces bases que doit se mener, dans l’unité, le combat antifasciste.
Contre le capital et ses valets fascistes, que vive la solidarité entre tous les opprimés, travailleurs, chômeurs, précaires, avec ou sans papier !