Lu sur le site d’Alternative libertaire :
Dimanche 16 décembre 2018, à l’appel de plusieurs organisations flamandes principalement d’extrême droite, entre 5000 et 7000 personnes ont défilées à Bruxelles contre le pacte de Marrakech. Il s’agit d’un réel tour de force, la plus grande mobilisation de leur camp depuis plus de 30 ans.

  Il nous paraît important de contextualiser la mobilisation du 16 décembre 2018 à Bruxelles, qui a permis à une extrême droite de rue d’émerger du marasme où elle se trouvait depuis plus de 10 ans. Le premier facteur est indubitablement la droitisation du champ politique et médiatique (particulièrement en Flandre où la "gauche" se retrouve dans les cordes depuis de nombreuses années).

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On doit pointer le rôle clé joué par le plus grand parti en Flandre, la NVA (« Nouvelle Alliance Flamande ») qui, en plus de l’agenda – partagé par l’ensemble de la coalition gouvernementale – d’attaques sur les conditions de vie de la population pour le plus grand plaisir des patrons, s’est distinguée par la multiplication des provocations racistes, homophobes et sexistes. Cette stratégie communicationnelle et la multiplication des lois sécuritaires ciblant les migrantes et migrants mais aussi les quartiers populaires, au nom comme toujours d’une lutte contre le terrorisme, a permis une libération de la parole raciste et des actes de violence.

Droite radicalisée

Cependant, pris quelque part à son propre jeu, la NVA a ressuscité aux dernières élections communales le Vlaams Belang (VB – l’équivalent du Front national en Flandre) qui était pourtant en déclin depuis plusieurs années (grâce à un jeu de vases communicants entre droite radicalisée et parti néo-fasciste).

On a également vu apparaître un nouvel acteur occupant le rôle du Greenpeace fasciste, un petit mais très influent parti d’étudiants flamands, Schlid en Vrienden (SV – « Bouclier et Ami »). Il s’agit dans sa stratégie d’une copie conforme de Génération identitaire dans son mode d’action mais dont l’entrisme viserait à la fois le Vlaams Belang (donc l’extrême droite fasciste) et le parti de droite radicalisée qu’est la NVA.

Ces deux stratégies sont plus ou moins couronnées de succès car en deux ans d’existence ce groupe a réussi à faire parler de lui quasiment mensuellement dans les médias traditionnels et aussi sur les réseaux sociaux mais également à placer une dizaine de ses membres sur les listes électorales de la NVA. Suite à la volée de bois vert électorale en octobre, la NVA a décidé de radicaliser encore plus son discours sur la droite pour récupérer le terrain reconquis par le Vlaams Belang. Elle s’est saisie du pacte de Marrakech, en déclarant une opposition catégorique à un pacte non-contraignant, s’opposant ainsi au reste du gouvernement.

Après plus de deux semaines de crise, la NVA est sortie du gouvernement avec ce prétexte. Il est d’ailleurs à noter que sa communication a complètement adopté la rhétorique de l’extrême droite sur le supposé grand remplacement de la population blanche que sous-tendrait ce pacte. Il n’en fallait pas plus pour que l’extrême droite de rue se sente pousser des ailes et annonce une grande marche sur Bruxelles.
AL Bruxelles