« La seule rue au monde dont je voudrais qu’elle ne finisse jamais »

Federico Garcia Lorca, poète et dramaturge espagnol assassiné par les fascistes le 18 août 1936, à propos des Ramblas barcelonaises.

Quelques jours après l’assassinat d’Heather Heyer par un néo-nazi ayant foncé avec un véhicule sur un groupe de contremanifestantEs à Charlottesville (Etats-Unis) , Daesh frappait les villes catalanes de Barcelone et de Cambrils, les 17 et 18 août respectivement. Ces attentats tuèrent 16 personnes et laissèrent près de 130 blessé-es. Dans les deux cas, l’obscurantisme frappait de manière aveugle et au nom d’idéologies haineuses, basées sur la croyance en l’inégalité des êtres humains.

Alors que l’extrême droite se garde bien de dénoncer les événements de Charlottesville (quand ce n’est pas pour applaudir l’assassinat ou dénoncer un énième montage du « complot juif »), ses vautours se sont agités dès le début afin de récupérer les tueries et pour s’en prendre aux musulman-es : interruption par des néonazis de la minute de silence devant l’Hôtel de Ville de Madrid en hommage aux victimes le 18 août, attaques de mosquées et de fidèles (ou apparentés comme tels),…

A Barcelone même, au lendemain des faits, quelques dizaines de fascistes tentèrent aussi de tirer profit des morts en se rassemblant près des Ramblas. Elles-ils furent vite dispersé-es par la police car à quelques pas de là, des centaines d’antifascistes s’étaient rassemblé-es contre le terrorisme. Les slogans islamophobes et anti-réfugié-es furent rapidement remplacés par ceux de la solidarité entre les peuples et d’opposition au terrorisme et au fascisme.

barcelone
Mobilisation antifasciste à Barcelone face à la tentative de l’extrême droite de récupérer le drame.

Vidéo : https://www.facebook.com/brutofficiel/videos/1895001024082869/

Précision concernant ce qui est dit dans la vidéo : les antifas s’étaient donné-es rdv à 18:45 sur la place de la Boqueria, lieu où la camionnette fut abandonnée par l’un des terroristes avant de prendre la fuite, avant de se retrouver bloqué-es sur la Place de Catalogne.

Ceci fut un énième exemple de dignité d’une ville, certes cible du terrorisme mais qui sait montrer sa force grâce à sa solidarité : à peine quelques heures après l’attaque, les hôpitaux ne pouvaient plus recevoir de dons de sang en raison de l’afflux spontané des habitant-es, les taxis ramenaient gratuitement les personnes chez elles, des chambres étaient gratuitement mises à disposition pour les personnes bloquées dehors…

 Tout juste une semaine après l’attentat, un simple geste sur les Ramblas qui en dit long : une personne a laissé gratuitement à disposition des bougies pour rendre hommage aux victimes sur les nombreux autels montés spontanément sur le boulevard.

 

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Car elle réside bien là la force face à la barbarie : la solidarité . Elle est la cible des fascistes, mais aussi des terroristes, ces derniers tentant de mettre fin à ce qu’ils nomment les « zones grises », ces régions où musulman-es et non musulman-es cohabitent paisiblement. Là est le principal objectif des attentats : nous diviser pour mieux dominer. Et l’extrême droite tend le même piège, car elle partage le même but, mais inversé : imposer sa version inégalitaire du monde.

Elle « oublie » rapidement pourtant que le même terrorisme frappe au-delà des frontières de l’Europe (quelques jours plus tôt, le 13 août, Ouagadougou capitale du Burkina Faso, était victime d’une attaque laissant 19 morts), que la majorité des victimes du terrorisme sont précisément les musulman-es, que les réfugié-es quittent leurs pays aussi à cause des terroristes, que les victimes des attentats en Catalogne étaient de 34 nationalités différentes (le choix d’attaquer les Ramblas, haut lieu touristique d’une ville cosmopolite, permettait d’atteindre un maximum de cultures),…

Face à l’obscurantisme, un nouveau slogan fut lancé : « no tenim por » ( « nous n’avons pas peur » ), rapidement accompagné du fameux « No Passaran » , en catalan.
La Horde