Allemagne : que sont devenus les autonomes nationalistes ?

Le site antifasciste REFLEXes vient de publier un article très complet sur le phénomène des autonomes nationalistes, ces groupes d’extrême droite allemands qui ont récupéré les codes vestimentaires, logos et modes d’intervention des autonomes antifascistes. En voici un extrait.

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Il y a quelques années, les autonomes nationalistes étaient en vogue au sein des groupes néonazis allemands refusant de s’affilier à un parti d’extrême droite. En France, on a même vu quelques groupes tenter de s’approprier cette étiquette, mais ils étaient assez rares et peu nombreux. Mais quelques années ont passé depuis 2005, et de moins en moins de Kameradschaften se revendiquent de ce label. La mode est-elle passée ? Revient-on aux fondamentaux chez les néonazis ? Le modèle a-t-il échoué ou bien a-t-il eu tant de succès qu’il en est devenu inutile ?

Si l’on en croit de nombreuses brochures publiées en Allemagne contre l’extrême droite, les Autonomes Nationalistes (AN) sont toujours une nouveauté incontournable de la scène néonazie allemande. Ces militants non organisés dans des partis sont décrits ainsi : ils utilisent les méthodes d’apparition du black block en manifestation et adoptent une attitude anti-système, qui cherche à expérimenter sans se laisser scléroser par une théorie et qui est donc orientée vers la pratique militante. Le tout combiné à des symboles piqués à la fois à l’extrême gauche radicale et à la pop-culture.

Le néonazisme dans la crise

Dans son ensemble, la scène néonazie allemande traverse une crise. Le NPD se débat avec une procédure d’interdiction qui n’en finit pas, des échecs électoraux et des querelles internes. De même, les Freie Kameradschaften sont de moins en moins présentes dans les rues et développent une capacité d’action politique bien inférieure à celle qu’elles avaient ces dernières années. Les manifestations rassemblant plusieurs milliers de néonazis se sont faites de plus en plus rares, sans que cela s’explique seulement par les actions de blocage des antifascistes. Cette crise a frappé également les AN de plein fouet, en tant que composante de la scène des Kameradschaften .

Les groupes qui se font appeler « autonomes nationalistes » ne sont plus que quelques exceptions et ils limitent leur activité à l’animation de leurs sites Internet. L’esprit enthousiaste des débuts a fait long feu. Ce qui passionnait en 2005, comme le dépassement de formes d’action non adaptées à l’époque, et qui promettait l’accès à un public nouveau et plus jeune, n’est plus qu’une vieille lune.

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Du néonazisme non encarté…

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Aujourd’hui, les néonazis ont la possibilité d’avoir une activité de rue précisément là où on n’en attendrait pas de la part de néonazis se revendiquant « autonomes ». Lors des manifestations organisées par l’une ou l’autre branche locale ou régionale de PEGIDA ou à l’occasion de protestations racistes contre l’installation d’hébergements pour les réfugiés, les néonazis se glissent dans les rangs des manifestants, de façon plus ou moins affichée. Ce nouvel accès à des parties de la population qui, jusqu’alors, n’étaient pas forcément accessibles à la propagande néonazie est l’une des quelques joies qui restent aux néonazis ces derniers mois ; or cela s’inscrit précisément en faux contre le positionnement des AN selon qui le « peuple », qui a subi des lavages de cerveau irréversibles, ne saurait être porteur d’une politique d’opposition et pourrait tout juste en être le décor. D’autant plus que les AN affichent une fidélité ostentatoire au national-socialisme : leurs visages sont masqués, mais pas leur idéologie. Dans les mouvements racistes actuels, c’est l’inverse : les manifestations ont besoin d’un caractère bourgeois ou tout au moins d’une apparence civique. De ce fait, les néonazis qui y participent camouflent leur idéologie, mais pas leurs visages. Les épisodes violents qui ont lieu par exemple à Leipzig autour de LEGIDA (attaques de journalistes et d’opposants à la manifestation raciste par des hooligans et des néonazis organisés gravitant autour des Freie Kräfte) ne renversent pas la tendance ; il s’agit simplement de défouloirs pour les néonazis.
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