Allemagne : des candidats de l’AfD fans d’Hitler ou anciens militants néonazis

Aujourd’hui se déroulent en Bavière des élections régionales, qui pourraient bien voir l’Alternative für Deutschland (AfD) faire un score à deux chiffres et rentrer ainsi au parlement régional, un an après qu’il a fait son entrée remarquée au Parlement fédéral (Bundestag). Alors que le parti xénophobe, à travers les déclarations de ses principaux responsables, prétend se tenir à distance de l’extrême droite radicale, un examen minutieux de certains de ses candidats montrent qu’il n’en est rien.

Jessica Biessmann, élue AfD à la Chambre des représentants de Berlin en 2016, est la porte-parole du groupe parlementaire AfD sur la politique familiale. En privé, elle a posté surMySpace des photos d’elle, dans des poses langoureuses, dans une cuisine.

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Jessica Biessmann

C’est bien son droit, sauf qu’en arrière-plan, sur une étagère, on peut clairement voir des bouteilles à l’effigie d’Adolf Hitler, probablement un souvenir rapporté d’Italie, où l’on peut trouver ce genre de "Führerwein" dans certains supermarchés. Biessmann n’a toujours pas commenté ces photos, qui ont pourtant fait le tour des réseaux sociaux.

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Au-delà de l’anecdote, l’attitude de l’AfD vis-à-vis du néonazisme est pour le moins ambigu. Si, comme en septembre lors des émeutes racistes de Chemnitz (Saxe), le mouvement n’hésite pas dans la rue à s’associer aux manifestations de l’extrême droite radicale, ses responsables déclarent généralement n’avoir rien à voir avec les néonazis. Ainsi, Martin Sichert, président de l’AfD en Bavière, prétend qu’il existe une frontière bien claire entre son parti et l’extrême droite radicale : " Personne dans notre parti n’a jamais fait partie d’une organisation extrémiste " a-t-il déclaré le 12 septembre à la télévision

Pourtant dans un document interne de l’AfD datant de 2014 révélé par le site Correctiv, cinq militants du NPD ont rejoint l’AfD : ils faisaient partie du Wehsport Hoffmann, une organisation néonazie terroriste active en Bavière dans les années 1980. Parmi eux, Benjamin Nolte, qui se présente aujourd’hui en Bavière pour l’AfD.

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Nolte avait également a participé à un rassemblement avec les néonazis à Dresde en 2011, auquel participait l’actuel politicien de l’AfD Björn Höcke, comme l’a rapporté le site de la radio Bayerischer Rundfunk . Un autre candidat de l’AfD, Oskar Atzinger, avait fait partie des Republikaner, un parti d’extrême droite bavarois fondé par Franz Schönhuber : mais pour Martin Sichert, " le fait d’appartenir aux Republikaner n’est pas un critère d’exclusion pour l’adhésion à l’AfD. "

Enfin, début janvier 2016, la candidate au parlement, Katrin Ebner-Steiner, a participé à une manifestation à Freilassing, en Haute-Bavière, du mouvement identitaire. Elle prétend n’avoir pas participé à la manifestation, et dit qu’elle l’a simplement regardée, mais on la voit un drapeau à la main.

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À gauche : À droite :

Mais à côté d’elle se trouve Fabio Sicker, qui lui aussi, serait venu à la manif "par pure curiosité". Il y portait pourtant un sweat-shirt avec un symbole du mouvement identitaire. Aujourd’hui, il fait partie de l’AfD et se présente pour le district de Deggendorf…

En France comme en Allemagne, l’extrême droite institutionnelle réussit souvent à lisser son image, et voudraient nous faire prendre des vessies pour des lanternes : mais les faits sont têtus, et le profil de certains de leurs militant·es, et parfois même de ses cadres, montrent la porosité qui règne entre les partis nationalistes "présentables" et des organisations plus radicales.
La Horde