Le 3 février, pour la seconde année consécutive, le Call of Terror, un concert de NSBM (National Socialist Black-Métal) doit se tenir en Rhône Alpes, avec son lot de néonazis.

affiche concert call of terror II

Le lieu de ce concert est pour l’instant tenu secret par les organisateurs et sera révélé quelques heures avant le concert, même s’ il est plus que probable qu’il se déroule dans le Nord Isère, ou à proximité de Chambéry. C’est dans cette région, en 2017, que s’était déroulé la première édition du Call of Terror où environ 600 personnes étaient venues. Toujours dans cette région, d’autres concerts d’extrême droite ont eu lieu par le passé : le premier le 19 novembre 2016 avec les groupes français DC (ex-Décadence culturelle) et BordelBoys (groupe breton prétendument apolitique) et les italiens SPQR et Mai Morti ; le second, le 13 mai 2017, vers Bourgoin-Jallieu, avec cette fois une affiche 100% italienne : Hate for Breakfast, Bayonet Assault mais surtout Bronson, groupe directement lié à Casapound ; enfin, en juin 2017 un tournoi de MMA et un concert à Saint-Hélène-sur-Isère en Savoie.

Lors de l’édition 2017, on avait pu voir des groupes comme Peste Noire ou Baise Ma Hache, que certains dans la scène Black Metal continuent à défendre hors toute considération politique, alors que le lendemain du concert Ludovic Faure alias “Famine”, le leader de Peste Noire, se retrouvait dans l’ancien local du GUD à Lyon, « le Pavillon Noir », pour une rencontre avec Steven Bissuel et ses militants.

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Famine, leader de Peste Noire.

Il faut reconnaitre que malheureusement, le rassemblement Call of Terror a connu un certain succès, avec 600 personnes, un staff d’une centaine de musiciens, de membres du service d’ordre, de techniciens, en dépit d’un style musical plutôt… "particulier", en tout cas assez éloigné de la pop des Brigandes ! Une bonne affaire commerciale aussi, si on ajoute aux 10 000 euros d’entrées la caisse du bar qui a dû fonctionner à plein…

Pour ce Call of Terror II, pour l’instant, pas de rencontre annoncée le lendemain du concert, mais le local du Bastion Social à Chambéry étant inauguré le même jour, il serait étonnant de ne pas retrouver nos mélomanes pour une after dans ce local fasciste. Quoiqu’il en soit, la tête d’affiche cette année, Temnozor, confère à lui seul une dimension clairement néonazie à l’événement.

Temnozor

Temnozor (Темнозорь) est actif depuis plus d’une quinzaine d’années, à la marge du RAC et du NSBM slaves : musicalement, le groupe se reconnaît à ses mélodies épiques à la flutine et au pipeau slave, et à son chant lyrique russe ; les paroles des chansons abordent aussi bien la nature, le paganisme slave, la guerre, que le nationalisme d’extrême droite. Groupe NSBM "superstar", Temnozor fédère sur scène des figures NSBM russes et ukrainiennes. À noter que la seule boutique en France à vendre les t-shirts du groupe est Terre Celtique, une boutique d’extrême droite à Grenoble (qui aura sans doute une table de presse sur place, étant voisine du concert), tandis que le groupe est interdit en Allemagne.

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Avec son joueur de flûtiau, Temnozor va-t-il attirer les rats du GUD au concert ?

La composition du groupe a pas mal évolué avec le temps, et a rassemblé autour de lui des musiciens membres de multiples groupes de NSBM ou de RAC, des gérants de maisons de disques, des membres de cercles NSBM, ou proches des mouvements ultranationalistes. Dans sa composition actuelle, on trouve ainsi :
 "Vargoth", membre historique, qui joue aussi avec Nokturnal Mortum, Aryan Terrorism, Warhead ou avec le polonais Olaf Jasiński du groupe RAC Honor, qui a fait un disque en collaboration avec Graveland ;
 "Gorruth", alias Ilya Babin / Илья Бабин, manager, producteur, parolier et porte-parole de Temnozor, co-animateur de Pagan Front et membre de Woods of Fallen ;

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À gauche, Gorruth ; à droite, deux logos de Temnozor, où l’on peutassez facilement distinguer divers symboles associés au néonazisme (croix gammée, rune d’Odal , etc.)

 "Kaldrad", alias Boris Podsoblyayev / Борис Подсобляев, emprisonné en 2001 pour port d’arme, agression et apologie de la haine raciale, membre du cercle NSBM russe « BBH » ;
 "Alexander" / Alexei / Aleksey, chanteur de Temnozor depuis 2016 mais aussi de M8l8th [1], Adolfkult, Militant Zone / Wotan Jugend ; il est proche des groupes d’extrême droite ukrainien Régiment Azov et Secteur Droit, et a été emprisonné en 2006 pour trois meurtres et de multiples agressions, puis libéré en 2011. On peut noter qu’Aleksei de M8l8th était le producteur de vidéos pour Peste Noire en 2017, via Militant Zone/Wotan Jugend, et une projection dans une salle de cinéma a Kiev, avec VIP NSBM.

Mais d’autres groupes tout aussi réjouissant et tout aussi peu "apolitiques" se produiront également samedi…

Kroda

Ce groupe ukrainien, dont le chanteur, Eisenslav, ancien membre de Temnozor, se prétend apolitique, alors que deux de ses membres n’hésitent pas à poser devant les drapeaux du parti néonazi ukrainien Secteur Droit.

les deux membres de Kroda n’hésitent pas à poser devant les drapeaux noir et rouge du parti néonazi « Secteur Droit ».
Deux membres de Kroda devant les drapeaux noir et rouge de Secteur Droit.

Ce groupe, membre du Pagan Front qui fédère différents groupes de la scène black metal néonazie, est d’ailleurs interdit en Allemagne en raison de ses options idéologiques. Il est plutôt connu dans le milieu underground car son leader, Eisenslav, cultive le culte de certaines figures sociopathes nazies liées à leur scène Black Métal et paganiste, comme Varg Vikernes, incendiaire d’églises et assassin, ou Hendrick Möbus du groupe Absurd.

Nokturnal Mortum

Formé au début des années 1990, ce groupe ukrainien fait aussi partie du Pagan Front, et a fait par le passé sa « réputation » en revendiquant ses liens avec des néonazis. Depuis, Nokturnal Mortum se serait tourné vers la mythologie et le folklore ukrainien dont les thèmes occupent désormais la quasi-totalité des nouvelles compositions…

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Pourtant, après avoir joué à la première édition du Ragnard Rock Festival, Nokturnal Mortum participait en septembre 2015 à un concert organisé par Secteur Droit. Depuis les événements du Maidan en hiver 2013-2104, Nokturnal Mortum a apporté son soutien à une frange bien spécifique de la scène politique et militaire ukrainienne. Nokturnal Mortum a d’ailleurs reçu une jolie plaque en remerciement signée Dmytro Yarosh, leader de Secteur Droit et grand admirateur du nationaliste ukrainien Stepan Bandera, qui collabora activement avec le Troisième Reich dans sa lutte contre l’URSS.

Naer Mataron

Au sein de ce groupe de metal grec, c’est Giorgos Germenis qui tient la basse, mais qui est surtout député et numéro trois du parti néonazi Aube Dorée. En 2012, il est arrêté alors qu’il tente d’agresser le maire d’Athènes avec une arme à feu, et finit par frapper une fillette de 12 ans. Il a également été arrêté avec d’autres députés d’Aube dorée pour « participation à une organisation criminelle ».

Georges Germinis
Georges Germinis

Il était auparavant le bassiste du groupe de RAC StrossTrup et du groupe de NSBM Der Sturmer (en référence au journal du Troisième Reich), dont les membres sont aussi des militants d’Aube Dorée. Et certains voudrait nous faire croire que Naer Mataron est apolitique ?

Nocturnal Depression

Le chanteur de ce groupe français de « métal dépressif » de Grenoble qui glorifie le suicide et la mort, joue également dans un autre groupe, Aghone, qui lui est programmé le 17 février pour le Night Of Honour III :

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Cet autre festival NSBM aura lieu prochainement en Picardie, chez Serge Ayoub, dans le local de son club de bikers les Black Seven, dont nous aurons l’occasion de reparler sous peu. Au programme, des groupes tout aussi "sympathiques et apolitiques" que pour le Call of Terror de ce week-end, comme en attestent les pochettes ci-dessus, sans ambiguïtés.

La Horde,
en collaboration avec des fans de Black Metal

Notes

[1En remplaçant les « o » par de « 8 », le nom fait apparaitre le nombre « 88 », soit deux fois la lettre H pour "Heil Hitler", un signe de reconnaissance entre néonazis.