AFA Haute-Savoie : "le fascisme se nourrit des reculs sociaux"

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Appel de l’Action Antifasciste 74 pour le 1er mai :

La fête du 1 er mai, commémoration de la lutte révolutionnaire des travailleurSEs face à l’horreur de l’exploitation capitaliste et à la répression d’Etat est aujourd’hui vidée de son sens historique. Antifascistes de Haute-Savoie, ce jour est pour nous une opportunité d’exprimer notre analyse de la situation politique actuelle.

Sur le mouvement contre la loi « travail »

Actuellement, la France connait un mouvement social qui fait renaître un espoir de changement dans une partie de la jeunesse. Si l’agitation politique qui a lieu autour du projet de loi « travail » permet de rendre visible une exploitation salariée laissée dans l’ombre depuis quelques décennies, il serait erroné d’y voir une forme de « révolte populaire ». L’orientation de ce mouvement social reste pilotée par des directions syndicales frileuses et une petite-bourgeoisie déclassée sans perspectives. Localement, on constate un net décalage entre le vécu quotidien des prolétaires et la réalité de la mobilisation actuelle. ExploitéEs au quotidien, vivant la misère culturelle et existentielle, pacifiéEs par le cadre géographique, les prolétaires « du coin » sont loin des « Nuit Debout » et des affrontements contre la police. En ce sens, l’ordre du jour des progressistes sincères est clairement à l’antifascisme car vouloir une offensive contre le capitalisme ne peut se faire sans la masse des oppriméEs. Cet ordre du jour est nécessaire à la vue du double-mouvement de dépolitisation et de pénétration du fascisme dans les classes populaires.

La pénétration du fascisme (FN et idées irrationnelles) dans les zones populaires reculées révèle le danger qui pèse sur la perspective d’une offensive générale anticapitaliste. Les militantEs sincèrement révolutionnaires et progressistes ne peuvent qu’y penser au risque de se réveiller dans quelques temps avec une gueule de bois. La Haute-Savoie est l’illustration même du malaise politique qui habite aujourd’hui la classe opprimée par le capitalisme. Le niveau électoral du FN dans les communes ouvrières est revenu à son score historique de 2002. Mais, contrairement à 2002, la situation historique est radicalement différente : la crise sociale et économique participe d’un brouillage complet des repères politiques et historiques produisant des conditions mûres pour la prise du pouvoir par l’extrême droite (par les urnes ou par un putsch).
Le fascisme : une dynamique de modernisation du capitalisme en crise
La violence d’un capitalisme en crise structurelle en lien avec le faible niveau idéologique des masses entretiennent des schémas nocifs pour la défense des exploitéEs et de la Nature. La tentation de s’isoler des difficultés s’exprime dans des tas de fuites en avant (« faire son business », « devenir son propre patron », refus des règles collectives) qui sabote les mécanismes de lutte de la classe opprimée. Cet isolement prolétaire qui sape des solidarités déjà bien affaiblies renforce ainsi les divisions internes à la classe (racisme, nationalisme, sexisme, mépris des plus « faibles »). De fait, l’antifascisme c’est la considération que le capitalisme en crise désarme culturellement les exploitéEs afin de se moderniser par n’importe quelle manière.

Concrètement cela prend la forme d’une division de la classe dominante dans les solutions proposées pour sauvegarder son pouvoir et ses privilèges. Ainsi, le Front National, en tant que forme avancée de l’extrême droite, est l’incarnation de la partie la plus réactionnaire de la bourgeoisie – comme l’atteste la composition sociologique de ses directions nationales et locales.

Un FN, à pratiquement 30 %, traduit le fait que la fraction de la bourgeoisie la plus brutale devient hégémonique dans la société. Sous couvert d’une fausse critique anticapitaliste, sa proposition d’une rénovation violente d’un capitalisme à bout de souffle s’étend dans des masses populaires dupées. Enfin, la circulation des idées d’extrême droite dans les institutions tout comme la porosité de plusieurs secteurs de la gauche à l’antisémitisme et à l’islamophobie montre à quel point la fraction arriérée de nos oppresseurs renforce son assise culturelle dans la société. De ce point de vue, la lutte antifasciste est une partie essentielle de la lutte des classes.
Contre le fascisme qui progresse, s’organiser pour l’unité populaire antifasciste !
Il y a 80 ans, le 3 mai 1936, l’alliance progressiste du Front Populaire gagnait la majorité des sièges à l’Assemblée Nationale. Cette coalition politique fut une réaction des classes populaires face à l’avancée du fascisme à la suite des émeutes des ligues d’extrême droite le 6 février 1934. Au-delà de l’écriture officielle des évènements il ne faut pas se tromper : la riposte antifasciste en France dans les années 1934-1936 a été une dynamique populaire à la base réalisée dans les campagnes.

Cette unité populaire antifasciste s’est ensuite concrétisée dans une alliance électorale puis s’est refait jour dans les grèves ouvrières massives de juin 1936 permettant d’arracher des conquêtes sociales historiques (congés payés et semaine de 40 heures par-exemple). Malgré des dérives nationalistes (glorification de la République et des « ancêtres » de 1789), malgré une soumission aux éléments opportunistes présents dans le Front, malgré un manque de confrontation sur le long terme, le Front Populaire, en tant que mobilisation unitaire à la base, reste une proposition tactique pour contrer momentanément l’avancée de l’extrême droite.

En mémoire de cette expérience historique tout en s’adaptant aux réalités politiques et culturelles d’aujourd’hui, l’action antifasciste Haute-Savoie (AFA 74) appelle l’ensemble des progressistes sincères éparpilléEs sur le territoire (et ailleurs) à se rassembler sur la base d’une lutte autonome contre le capitalisme, le racisme et le sexisme (triple oppression). Il est impératif de créer une dynamique populaire autour d’une agitation et d’une lutte diffuse contre le fascisme. Pour réussir cette tâche, l’anti-fascisme doit être autonome et pénétrer chaque personne ayant un sérieux besoin d’émancipation sociale. Produire un antifascisme autonome dans le département de sorte que chacunE porte cette identité et la répande autour de soi est la meilleure des armes face au fascisme qui avance à grand pas !

Face à la violence du capitalisme, ne reste pas seulE, deviens antifa !

Contre la modernisation du système par l’extrême droite, résistance