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La dernière provocation de Le Pen père ne doit bien entendu rien au hasard, mais relève plutôt selon nous à la fois d’une pathétique volonté de continuer à faire parler de lui (alors que son jouet, le FN, lui échappe au profit de sa fille), d’une espiègle tentative de déstabilisation de celles et ceux qui voudraient proposer un FN coupé de son histoire, et enfin certainement d’un antisémitisme assumé. Bien que ce dernier aspect ne constitue pas nécessairement, selon nous, la motivation principale de sa sortie, nous reprenons ici une analyse du site Mémorial 98, qui rappelle que Le Pen n’en est pas, dans ce domaine, à son premier coup d’essai.
Le Pen n’a évidemment pas « dérapé » ni commis un lapsus. Son « trait d’esprit » consistant à faire une « fournée » pour Patrick Bruel était préparé, comme le montre sa jubilation lorsque son faire-valoir Marie d‘Herbais lui soumet le nom du chanteur.
Son "intervieweuse" est d’ailleurs elle-même proche de l’aile la plus la plus antisémite et « quenellière » du FN.

Le Pen connaît très bien Bruel, dont l’opposition au FN est ancienne et de notoriété publique, tout autant que sa judéité. Il ment effrontément en prétendant « n’avoir pas su que Bruel est juif ». La preuve de ce mensonge est flagrante, car déjà en 1995, il le dénonçait en utilisant son patronyme de naissance Benguigui ainsi que son nom de chanteur, quand Bruel avait décidé de ne pas chanter à Toulon, alors dirigée par le FN : « Toulon devra se passer des vocalises du chanteur Benguigui, qui a décidé de ne pas honorer ses contrats. Je ne crois pas qu’on en mourra à Toulon [...]. Ceux qui aiment Patrick Bruel pourront aller dans la ville à côté. Ces jappements de chiots mal lavés et mal élevés n’empêcheront pas le FN de continuer son action politique en faveur des Françaises et des Français, traités comme des parias dans leur propre pays » (Le Pen, 21 juin 1995 )

Le Pen connaît aussi parfaitement la portée du mot « fournée », prononcé dans un éclat de rire, car il a déjà utilisé le « four » dans cette autre « blague » « Durafour crématoire » qu’il vient encore de revendiquer le 27 avril dernier à Saint-Étienne. Il y a déclaré ne pas regretter sa "formule banale" sur Michel Durafour. Pour Le Pen, il s’agit donc non seulement d’antisémitisme, mais d’une aspiration à pouvoir utiliser les méthodes génocidaires du nazisme à l’égard des Juifs ainsi que des Roms, aussi stigmatisés régulièrement par Le Pen.

 Le Pen multiplie d’ailleurs les séquences génocidaires. Ainsi, mardi 20 mai dernier, avant un meeting à Marseille, avec sa fille Marine Le Pen, il déclare à propos de l’immigration africaine : "Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois". "Ça", c’est selon lui, "l’explosion démographique" dans le monde, le "risque de submersion" de la France par l’immigration, "le remplacement de la population qui est en cours", a-t-il expliqué, reprenant les thèmes du xénophobe Renaud Camus. Ebola est un virus qui provoque une fièvre hémorragique. Le virus a déjà massacré des populations en Afrique et réapparaît ces derniers mois en Guinée. Marine Le Pen l’a défendu en prétendant qu’il s’agissait d’une « réflexion sur les épidémies ».

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