Comme depuis de nombreuses années, ce début du mois de mai était chargé pour l’extrême droite française. Entre les deux hommages du 1 er mai de la famille Le Pen, le congrès du Parti de la France le 7 mai, les trois défilés du 8 pour Jeanne d’Arc et l’hommage le 9 à Sébastien Deyzieu , il y a avait largement de quoi occuper les sympathisants d’extrême droite. Peut-être trop, comme on va le voir… Dans cette première partie, nous revenons sur le premier mai.

1er mai canal historique

FNTradi
Un FN très trahi (entouré en jaune au premier plan, Elie Hatem de l’Action française). Photo : Comité Jeanne

Cette période a commencé avec l’hommage rendu à la pucelle d’Orléans par l’un de ses plus vieux prétendants, Jean-Marie Le Pen. Largement relayé dans les médias, le rassemblement tenait plus du rassemblement de fans que d’un départ pour une nouvelle dynamique politique. 300 personnes étaient venues écouter le vieux chef de l’extrême droite, dont une présence importante et affichée de membres de l’Action française, vendant leur journal en attendant leur cortège qui arrive une fois la place à nouveau libre.

Chorale

On a pu voir sans grande surprise tous ceux qui espèrent mais sans trop y croire non plus (notamment à cause de son âge), que le « vieux » est encore capable de lancer un mouvement. Si les différents mouvements opposés au Front national avaient salué l’initiative, peu avaient fait le déplacement officiel. Si sa présence est recherchée dans les banquets ou réunions officielles de l’extrême droite radicale pour leur assurer une certaine couverture médiatique (voir le Banquet de Rivarol en avril dernier), personne ne souhaite vraiment s’allier au vieux dans un projet politique. Il fleurait bon à ce rassemblement une ambiance fin 1980 début 190, avec en prime un dur rappel à la réalité pour les équipes de Canal +…

Les fidèles à la manœuvre

Anti-Philippot
Les oreilles de Philippot ont sifflé ce matin-là…

Côté organisateurs, on retrouvait sans surprise la « garde rapprochée » de Jean-Marie Le Pen : ceux qui n’ont jamais trahis, mais aussi ceux qui ont pu trahir à une époque avant de revenir au bercail (les rangs sont maigres, et Le Pen ne peut se permettre de faire le difficile), comme Lorrain de Saint-Affrique, à la manœuvre avec Laurent Ozon. Bien sûr Roger Holeindre était de la fête avec son Cercle National des Combattants (CNC), bien qu’ayant de plus en plus de mal à trouver des porte-drapeaux qu’il ne faut pas « porter » eux-mêmes et capables de tenir debout plus d’une heure.

Jean-Paul Chayrigues de Olmetta
Jean-Paul Chayrigues de Olmetta, en grande discussion avec Jany Le Pen.

Marie d’Herbais et Jean-Felix Quinones accompagnaient comme d’habitude Janny Le Pen ; étaient également présent Gérald Gérin, le fidèle assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen au Parlement européen, qui a été inquiété dans les affaires financières qui se succèdent au FN (Cotelec, Panama Papers), ou encore le marquis Jean-Paul Chayrigues de Olmetta, dont on dit qu’il aurait récupérer une partie des archives d’Emmanuel Ratier, et qui ces dernières années se rapproche de plus en plus de Jean-Marie Le Pen (il était à sa table lors du banquet de Rivarol, et c’est lui qui a organisé sa venue à Radio-Courtoisie l’an dernier).

Des tracts pour les Comités Jeanne Au secours, lancés par JMLP il y a quelques mois, étaient distribués, mais sans grand enthousiasme non plus : il est vrai que pour l’instant à part quelques Lorrains dont Pierre-Nicolas Nups liés à l’ex Œuvre Française, aucune section n’a encore vu le jour…

Tillenon

Dans la foule (si on peut dire), peu de surprise : Jêrome Bourbon de Rivarol ; Ivan Benedetti et sa garde rapprochée ainsi que certaines des Caryatides (sur scène) ; Elie Hatem de l’Action française et ancien candidat FN aux municipales de 2014 ; quelques jeunes du Renouveau français, avec leur chef Thibault de Chassey ; l’infatigable Patrick Gofman (toujours un bouquin à vendre, celui-là) ; plus rare dans ses sorties, le druide en chef Yann-Ber Tillenon [1] ! Au fait Panoramix, tu le sors d’où ton béret vert de la Légion ?

DPS forever

LMDP
Les_mousquetaires_du_Président

Il était aussi intéressant de savoir qui allait assurer la sécurité du vieux : car si le FN « officiel » avait annoncé envoyer des « observateurs » pour voir si il n’y aurait pas des cadres du FN se trompant de rassemblement, il est évident que cette menace à peine voilée s’adressait tout autant au service d’ordre et aux membres du DPS. L’ancien chef du DPS, Eric Staelens, pour qui la devise « Honneur et Fidélité » n’est pas qu’un slogan, n’était plus concerné, ayant était mis à la retraite de la direction national du DPS il y a trois ans. Par contre, il est probable que nous ne reverrons plus au FN des gens comme Matthieu Spieser, Stéphane Bolâtre, Robert Dunoyer ou Christophe Mahé, tous présents pour protéger Le « Menhir ». Si tout ce petit monde a l’habitude de fonctionner sous le « label » DPS, un nouveau pins a d’ailleurs fait son apparition au revers des blasers : « Les Mousquetaires du Président » (LMDP). Sans commentaire…

Au FN, pas une tête (rasée) qui dépasse

Dans la foulée, Marine Le Pen, après avoir salué Jeanne place Saint-Augustin, tenait son banquet à La Villette, dans la salle d’événementiel Paris Event Center. Il était d’ailleurs possible aux fans du papa d’y assister, puisque, comme l’avait indiqué les Comités Jeanne, les cars qui avaient amené les gens à l’hommage du père seraient présents en temps et en heure au banquet de la fille.

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Mais autant dire que par rapport au matin, on change totalement de registre : plus lisse que cela, on n’avait jamais vu au FN ! Place Saint-Augustin, Nicolas Bay, Florian Philippot, Gilbert Collard et bien sûr Louis Aliot, les pires ennemis du père, sont tous là, mais normalisation oblige, les amis intimes Frédéric Chatillon et Axel Loustau avaient été mis en retrait (Chatillon n’apparait que pour le banquet, et encore, à l’intérieur de la salle). D’ailleurs, c’est bien là le seul véritable intérêt de ce banquet dans une salle privée, réservé aux seuls adhérents et sur réservation : il permet aux marinistes de contrôler à la fois les présents et leurs éventuels écarts de langage (ce qui est impossible dans une manif) mais aussi les médias. Il semble évident que les menaces de Daesh n’étaient qu’un prétexte…

Autre gros avantage de ce 1er mai nouvelle formule : cacher le décalage énorme entre les résultats électoraux et la très faible capacité de mobilisation dans la rue du FN. Il est toujours plus sympa d’afficher complet pour un banquet !! Au final, peu de surprises côté porte de la Villette, même pas la désormais habituelle apparition éclair des Femen. Le FNJ, toujours mis à l’honneur, montre à quel point Marine Le Pen et Florian Philippot misent sur « leurs » jeunes bien propres sur eux, histoire de faire oublier les crânes rasés qui tournaient jusqu’à il y a encore quelques années autour de son cortège.
La Horde

Notes

[1Yann-Ber, ou Jean-Pierre Tillenon est un militant autonomiste breton très actif dans les milieux d’extrême droite dans les années 1980-1990, proche aussi bien du Grece d’Alain de Benoist que de Serge Ayoub ou bien de Guillaume Faye, dont il est encore aujourd’hui l’un des derniers supporters. Il s’est fait druide au début des années 1980 et se rêve aujourd’hui à la tête d’une Europe fédérale.