Médias et extrême droiteUn ensauvagement de la société… vraiment ?

Lu sur Debunkers. Derrière les mots des médias et des politiques, l’extrême droite en embuscade. Que cachent les termes "ensauvagement", "décivilisation", "sauvages" dans la bouche des politiques et des journalistes ? Les Debunkers analysent les stratégies de communication d’une extrême droite vautour qui n’hésite pas à s’accaparer les meurtres sordides comme celui de Thomas à Crépol (ou de Lola à Paris l’an passé) pour instrumentaliser l’émotion à des fins d’idéologie raciste et anti-immigration.

Une fête de village qui tourne mal, un mort, signe de l’ensauvagement de la société ? Avec une délinquance de plus en plus violente, symptôme d’une immigration débridée ?

Ce sont les éléments de langage du RN et de Reconquête. Ensauvagement, les sauvages, une razzia, les racailles, la décivilisation, c’est tout un champ lexical auquel nous sommes confrontés. Et c’est ce que nous allons voir aujourd’hui.

Une communication maîtrisée

Aussi atroce que ça puisse être, en particulier pour les proches des victimes auxquelles vont nos premières pensées, il s’agit ici de faits divers. Et comme nous le verrons par la suite, ce genre de chose arrive régulièrement depuis des décennies.

Mais ce qui nous intéresse ici, c’est surtout la façon dont l’extrême droite s’est emparée de l’affaire pour en faire un élément de son récit, cette lecture romancée de notre histoire, et dans un but purement électoral.

Culture du fait divers

Un drame le samedi, c’est un sujet de lundi. Imaginons un instant les état-majors des partis le dimanche qui préparent la semaine : un sujet tombe en début de soirée sur les chaînes d’info continue, un jeune homme est mort dans une bagarre spectaculaire.
L’information tourne dans les boîtes mails, et une explication se fait rapidement. Les premières bribes d’informations qui tombent dans la soirée donnent le ton du tweet du lundi matin. Notons que le même jour, un autre fait divers annoncé sur la même chaîne ne sera pas mis sous les projecteurs.

Pour Eric Zemmour, le tweet de 7h59 nous raconte un « francocide », un raid de « racailles » ciblant des français (comprendre ici « des français blancs »). « Comme d’habitude, certains tairont son assassinat ».. Loupé ! C’est le sujet de la semaine.

On se retrouve confronté à un déroulé que l’on connaît sur le bout des doigts depuis l’affaire Papy Voise en 2001. L’hypermédiatisation de ce cas avait été permis par un week end électoral qui avait créé un espace pour un fait divers. L’instrumentalisation politique par un jeune premier aux dents longues avait fait le reste.

BFM naît en 2005 et devient la première chaîne d’info continue en clair (LCI est alors réservé à un public abonné). Cette évolution des médias d’infos va imposer un traitement différent des sujets. Des faits divers vont être mis en lumière comme sujets pour des éditions spéciales, avec des envoyés spéciaux… Trois sujets tournent en boucle, on met au même niveau une inondation, un règlement de compte mafieux, une guerre et un scandale politique. Le tout est largement commenté par des experts dont les bureaux sont à proximité des studios : partis politiques, think tank, consultants, syndicats (surtout policiers).

La communication au service du récit

Un parti qui mise tout sur le sécuritaire doit forcément accuser une montée en puissance de sa « Némésis », sans ça il perd son argumentaire et même sa raison d’être. Depuis quelques années, la professionnalisation des partis d’extrême droite a amené la communication de ces derniers à un autre niveau. L’expérience des dernières campagnes a également imposé l’usage d’éléments de langage, afin de garder un contrôle total sur la parole du parti et montrer que tout le monde est sur la même longueur d’onde.

[LIRE LA SUITE ICI]

Source: https://www.debunkersdehoax.org/un-...