ViolencesRetour sur les attaques fascistes pendant la coupe du monde de foot

Alors qu’un emballement médiatique a eu lieu mercredi dernier autour de la demi finale Maroc-France de la Coupe du monde de foot, nous souhaitons revenir à notre manière sur cette séquence. Dans les jours qui suivirent, on a vu certains journalistes débattre de la notion de « ratonnade », des politiciens opportunistes parler de terrorisme d’extrême droite sur les réseaux sociaux... et le pouvoir se positionner comme à son habitude en arbitre responsable en communiquant sur les indicateurs de sa faculté à réprimer. Ce petit texte est l’occasion de donner notre point de vue tout en invitant à ne pas tomber dans les écueils propres à ce genre de moments.

Dans la soirée du 14 décembre, alors que l’équipe de France de football venait de battre l’équipe du Maroc, des attaques menées par des groupes d’extrême droite ont eu lieu dans plusieurs villes
de France : à Annecy, à Nice, à Montpellier, à Lyon… A Paris, c’est un groupe d’une quarantaine de personnes qui a été arrêté. Parmi eux, 15 fichés S(Personne inscrite au FPR - fichier des personnes recherchés - mention S pour atteinte à la sureté de l’État) des anciens membres des Zouaves Paris, dont leur leader tristement connu Marc de Cacqueray-Valmenier ou encore l’ex-militant de l’Alvarium Paul-Alexis Husak.

Après leurs forfaits, les militants nationalistes se la racontent sur Ouest Casual…

La Horde tient avant tout à apporter son soutien à toutes les victimes de ces attaques, pour cette soirée mais également pour tous ceux et toutes celles qui ont vécu les coups, les menaces, les dénonciations de l’extrême droite au cours des dernières années. Car ce qui s’est passé le soir de la demi-finale n’était pas inédit.
Ces attaques sont le fait de groupuscules nationalistes violents, souvent éphémères, qui cherchent à créer un sentiment de panique et de sidération chez leurs opposant·es ; leur mode d’action est de frapper fort et vite à un endroit précis, de disparaître à la première opposition puis de se précipiter sur Ouest Casual pour se vanter de leurs « exploits », toujours présentés à leur avantage, au mépris le plus souvent de la réalité des faits. À noter que ce media est devenu pour ces groupes un outil de convergence stratégique : il leur suffit de déterminer une date, une cible ou un évènement pour s’organiser en conséquence, tout en laissant à chacun une certaine autonomie d’action et de structuration.

… Mais quand il faut assumer, ils se mettent à pleurnicher. « J’vous jure M’sieur le policier, c’était pas nous ! »

À chaque fois, ces militants nationalistes violents se greffent sur des mouvements sociaux (Gilets jaunes, mouvement anti-pass sanitaire) ou sur des événements (comme la coupe du monde de foot) qui mobilisent un grand nombre de personnes, et viennent généralement parasiter ce qui a été organisé par d’autres.
Cette stratégie qui consiste à trainer en bande pour casser des gueules au petit bonheur la chance peut avoir une certaine efficacité au niveau local en créant un sentiment d’insécurité mais, politiquement, elle est aussi un aveu d’impuissance à organiser quoi que ce soit, sans même parler de la répression qu’elle entraîne. Quand l’extrême droite tente de mobiliser par elle-même, ce n’est pas la foule, comme on l’a vu récemment à Callac en Bretagne.
Par ailleurs, et heureusement, ces attaques se heurtent souvent à des résistances spontanées qui en limitent l’impact et les dommages, et, plus généralement, cette stratégie offensive rencontre l’incompréhension voire le rejet d’une majorité de la population, mais cela devrait néanmoins poser certaines questions.
Car déplorer ces violences ne suffit pas. Crier au terrorisme d’extrême droite à la moindre occasion participe de l’affolement général. Demander l’intervention de l’État pour régler le problème à travers des appels à la dissolution, c’est oublier que le gouvernement s’est illustré en tentant de dissoudre des collectifs antifascistes.
Céder à la peur, c’est quelque part déjà accepter la défaite, et ces agressions doivent être un encouragement à s’organiser collectivement. La seule réponse antifasciste efficace et cohérente politiquement par rapport à ces violences, c’est de déployer des moyens d’autodéfense, y compris physique, dans des cadres collectifs de lutte. Chacun·e peut agir à son niveau, en relayant des informations sur ces violences, en s’engageant dans des groupes locaux, en restant vigilant·e et solidaire face aux coups de pression de l’extrême droite : c’est pour cette raison que des collectifs antifascistes existent.

La Horde
(merci à l’AFA77 pour les copies d’écran)