VendéeRetour sur la venue de Eric Zemmour aux Sables-d’Olonne

Le maire des Sables-d’Olonne, Yannick Moreau, a accueilli dans la mairie -non sans une certaine affection- Eric Zemmour et Philippe de Villiers. Ce dernier recevait avec plaisir les mots doux et d’amitié de la part du maire des Sables, c’est lui qui l’a lancé en politique et qui l’influence toujours depuis qu’ils ont travaillé ensemble au Conseil Départemental de Vendée.

Avant l’arrivée de Zemmour à la mairie, un comité d’accueil parfaitement orchestré était présent dont la plupart sont membres de Génération Z Pays-de-la-Loire, branche régionale du mouvement de jeunesse de Reconquête, dont leur représentant national est un ancien élève de l’ICES de La-Roche-sur-Yon, Stanislas Rigault. (1)
Quelques militants antiracistes sont là aussi, mais peu nombreux. Une contre manifestante lancera le chant de l’Internationale qui sera vite couvert par une Marseillaise bien vilainement beuglée. Pendant celle-ci et face à la chanteuse internationaliste, un militant -de style redneck- de Génération Z, Alexis Bazire aura une subite crampe au bras, vite rabaissé par un membre du Service d’ordre du parti Reconquête (2). Vu le nombre de journalistes présents, aucun débordement -trop- visible n’était toléré par l’équipe de Zemmour. C’est raté.

Un bain de foule bidonné et une haie d’honneur de ses partisans accueillaient Zemmour à l’entrée de la mairie. Devant celle-ci se trouvaient plusieurs militants de l’Action française Vendée, venus serrer la main du candidat.

Ces colleurs d’affiches de Zemmour sont des royalistes anti-républicains. Ils confirment l’absurdité politique dans laquelle ils sont et officialisent là leur soutien affiché au candidat fasciste. Comment être anti-républicain et soutenir un candidat à l’élection de la République française ? On a la réponse, ils soutiennent Zemmour parce qu’il est un monarchiste nationaliste comme leur maître à penser Charles Maurras (collabo pendant le seconde guerre mondiale, soutien de Pétain, antisémite (3)). Il voit donc Zemmour comme leur futur roi ? Et dire que nous sommes en 2022...

Les fanzouzes

Après s’être fait cirer les pompes par le maire des Sables, De Villiers et Zemmour rejoignent la salle louée (gracieusement ?) par la Ville. Le responsable du parti Reconquête en Vendée, Eric Mauvoisin-Delavaud (ancien numéro 2 du RN Vendée) a organisé le meeting où se tassent 500 personnes, hystériques et chauffées à blanc. Brigitte Neveux, l’ancienne cheftaine du Front national Vendée passée chez Zemmour était là aussi.

Dans le public, très peu ont respecté les gestes barrières (dans la salle comme dans les rues, le masque est pourtant redevenu obligatoire en Vendée), tout comme les têtes d’affiche et leurs proches, un vrai cluster COVID. Les flics ont dû aligner les prunes à 135 Euros et faire péter les quotas ! Non ? Ah oui pour ces gens là c’est la tolérance (sic).
En attendant celui qu’il voit comme le messie, ils passaient le temps en chantant comme dans les meetings de Le Pen des « on est chez nous ! ». Les royalistes de l’AF sont excités comme des puces et se font remarquer au fond de la salle. La presse dénombre au moins deux malaises. (4)
De Villiers au pupitre introduit le discours de Zemmour qui sera vite expédié et n’éclairera pas plus son programme, en a t-il un ? Il s’est contenté de son habituel charabia identitaire et du soit-disant déclin de la France à cause (ouin ouin) de la culture woke, tout en flattant son public vendéen.
Arrive la séquence initiale prévue du passage furtif de Zemmour aux Sables-d’Olonne. Il rejoint la statue religieuse St-Michel qu’il entend défendre de son enlèvement prévue, pour cause de non respect de la loi sur la laïcité. (5)
Au pied de la statue l’attend l’ancien maire des Sables-d’Olonne, Louis Guédon, qui a fait poser et baptiser en 2018 la statue religieuse dans l’espace publique. A ses côtés se trouve un habitant du centre ville des Sables, le sulfureux Patrick Buisson, qui a été le conseiller d’extrême-droite de Nicolas Sarkozy (6). Le machiavel Patrick Buisson est un des plus fervents partisans du rapprochement de la droite et de l’extrême-droite. Après avoir cru que Sarkozy ferait cette jonction, il voit en Zemmour celui qui réussira ce à quoi il consacre sa vie (en plus de s’enrichir de façon illégale).
Autre personnalité d’extrême-droite à attendre Zemmour, Grégoire (de son faux nom Baudouin Haulaf). Cet étudiant en Histoire à l’ICES de La-Roche-sur-Yon est le président du collectif Touche pas à ma statue, mais surtout le chef du groupuscule d’extrême-droite radicale Action française Vendée. Visiblement stressé en attendant l’arrivée d’Eric Zemmour, il est remarquable de voir qu’il fait toujours l’effort de s’habiller de façon « bon chic bon genre » à chaque fois qu’il vient défendre cette statue, ça le change de quand il part en ratonnade avec ses amis racistes à Lyon. (7)

Provocation d’anti-Zemmour -amis des pro-Zemmour- sur les anti-Zemmour

Un contre rassemblement était bien sûr présent aux abords de la salle. Malgré le peu de temps pour l’organiser, une cinquantaine de manifestants étaient présents sur tous les lieux où est passé Zemmour. Le gros des antiracistes étaient tenus à distance par un nombre impressionnant de gendarmes mobiles, sans compter la police qui contrôlait avec zèle. Certain(e)s manifestant(e)s n’arriveront même pas jusqu’au rassemblement !
A noter la provocation (lointaine) de deux membres du groupuscule néonazi Virido Galia : Bryan Guitton et un dénommé Romain (alias Solum Bellum sur Instagram, habitant Saint-Christophe-de-Ligneron). Ils sont tous les deux membres de ce groupuscule vendéen créé au début de l’année 2021. Le dénommé Romain n’est pas un nouveau venu dans l’extrême-droite radicale, il est un des créateurs de l’éphémère groupuscule Identitaires Vendée en 2011, cellule de quelques fachos habitant dans la région de Challans et de la côte nord-ouest du département.

Il s’intéresse à la Seconde guerre mondiale et plus particulièrement à l’armée allemande au vu de ses posts sur son compte Instagram.

Virido Galia est proche des violents identitaires de l’Alvarium Angers (dissous en novembre dernier). Début octobre 2021, ils seront même invités à leur (dernière) journée de rentrée dans la région angevine. Ils participent aux manifestations antipass/antivax à La-Roche-sur-Yon et Challans. Comme pour l’Action française qui participait (ils ont déserté cette lutte) à ces manifs, Virido Galia a la bienveillance des organisateurs que sont les conspirationnistes de Reinfo Covid et quelques Gilets jaunes. Ils laissent ces groupuscules prendre la tête des cortèges, ce qui finira de convaincre bon nombre d’antipass à faire l’impasse sur ces rendez-vous hebdomadaires, ne voulant pas être amalgamés par ces faux défenseurs des libertés.

La présence de Virido Galia au meeting de Zemmour est pour le moins paradoxale.

Ils revendiquent être contre Zemmour, allant même jusqu’à coller des autocollants « Zemmour-Antifa, même combat » !

Ils collent leurs propres affiches sur celles de Zemmour, sur lesquelles un douteux montage photo mélange le visage de Zemmour et Macron, signé d’un Rotschild & Co.

Sur leur page Instagram, un texte explicatif accompagne un des ces contre-affichages, c’est un réchauffé de la publication antisémite Faits & Documents.
Dans un de leur post, voilà le texte qui explique et justifie leur présence au meeting de Zemmour et pourquoi ils sont contre lui (attention les yeux) :
« Nous venons sur le terrain pour éviter tous les débordements lâchent sur les personnes du peuple "patriote" suite à la venue d’une petite poignée de syndicalistes et antifas pendant la conférence de Zemmour, rappelons que nous sommes contre tous ceux cités par rapport aux soumissions oligarchiques en arrière-plan.
Zemmour lancé et financé par les oligarchiques, prêt de campagne assuré par Siaci Saint-Honoré, filiale de Rothschild président Mr Donnersberg qui a financé également Macron, Montebourg. Un de ces principaux employeurs est Vincent Bolloré ami de Sarkozy et propriétaire de Canal+, Zemmour avait en 2007 fait campagne pour Sarkozy. Iskandar Safa (Valeurs actuelles) avec un lourd cv qui assure la promotion de sa campagne.
Les antifas défendant les idéologies destructrices et favorisent les perpétuelles divisions, provocateurs et saboteurs des émergences populaires, souvent financé comme pour exemple avec L’Alliance pour la justice mondiale, sponsor fiscale à de nombreuses initiatives de gauche financées entre autres par l’open society, exemple qui s’aperçoit sur énormément de pays comme chez nous ...
Zemmour - Antifa même combat. Non à l’oligarchie, Maîtres chez nous ! Nous resterons fidèles au combat nationaliste que nos anciens nous ont transmis.
Faites un minimum de métapolitique et non aux breuvages de paroles manipulatrices. »
Besoin d’une aspirine ?
Voilà bien là du conspirationnisme antisémite.
D’un autre côté, Virido Galia est proche des militants nationalistes de l’Action française (AF) Vendée, partisans eux de Zemmour (sic). A plusieurs occasions ils se retrouvent ensemble, lors de certaines des manifestations antipass/antivax et dernièrement, le 18 décembre aux Sables-d’Olonne au rassemblement du collectif Touche pas à ma statue.

Un militant de l’AF est aussi dans Virido Galia, Matteo Loué. En 2016, cet ancien élève gendarme a commencé à militer au côté de Bryan Guitton. En 2017, ces deux là soutenaient encore Marine Le Pen et allaient à son meeting dans la même salle que Zemmour. Aujourd’hui il milite donc aussi pour le candidat fasciste.

Bryan Guitton, fiché S depuis 2010 et malgré ses différents séjours en prison n’a toujours pas raccroché ses activités de militant néonazi. Rien ne change, toujours à provoquer et chercher la violence, Guitton ne connaît et ne cherche que ça. En 2019, il a pris huit mois à la centrale de Carquefou après l’attaque du bar nantais Hopopop (8 ). Il était le leader d’un groupe d’une quinzaine de « hooligans nazis » venus bastonner des antifascistes. Ils ont frappé plusieurs clients et ils ont failli mettre le feu au bar avec un fumigène allumé pendant qu’ils gazaient tout le monde à la bombe lacrymo ! Le procès est encore repoussé, les enquêteurs sûrement bien gênés par le fumigène retrouvé sur place appartenant à la Gendarmerie nationale. Guitton se fera interpeller dans la foulée avec trois autres néonazis dont un était un militaire de l’opération Sentinelle. A sa sortie de prison, pas refroidi pour un sou, il est parti rejoindre d’autres néonazis. Ceux-là sont du sud de la Bretagne et se nomment Hêrezh Kelt (9), avec eux au programme, beuverie et saluts nazis. De retour en Vendée aux Essarts-en-Bocage, il s’est donc trouvé de nouveaux « amis » néonazis, Virido Galia, pour continuer son activisme. Seul changement pour lui, il ne peut plus fréquenter la tribune Loire. Comme le relatait cet article sur son parcours militant (10), Bryan Guitton se rendait régulièrement dans le fief des supporters du FC Nantes. Il y est désormais persona non grata après être allé rejoindre les hooligans néonazis Roazhon 1901 du club ennemi de Rennes. (11) Entre temps il a fêté un « naziversaire » avec les supporters ultras de Chartres.

Voilà donc pratiquement toute l’extrême-droite de Vendée au complet, présente pour la venue du candidat Eric Zemmour. Certes, c’est une démonstration de force pour un parti récemment créé. Mais il faut bien voir qu’ils ne représentent pourtant qu’eux-mêmes et seul le racisme et la haine des autres les soudent.
Contrairement à l’extrême-droite qui ne veut surtout rien changer au capitalisme -vecteur d’inégalités et du dérèglement climatique- nous devons nous opposer à ce qui favorise sa montée. Opportunément l’extrême-droite profite d’une colère sociale liée au déclassement vécu par une grande partie de la population sans remettre en cause le capitalisme qui favorise les inégalités.
L’extrême-droite agite la peur de l’étranger, en faisant croire que les migrants fuyant la misère et les guerres sont les futurs nantis de ce pays. Ce que l’extrême-droite ne comprend pas, c’est que le dérèglement climatique dû au capitalisme va créer d’inévitables migrations de population.
L’extrême-droite s’attaque aussi aux progressistes qui remettent en cause un des maillons du capitalisme : le patriarcat. Un monde où les inégalités entre les sexes seraient abolies est un véritable cauchemar pour l’extrême-droite.
Soyons plus tolérants, plus solidaires. Créons un monde qui n’a pas peur. L’extrême-droite agite les peurs et en fait son seul fond de commerce, elle n’a rien d’autre à proposer.

Face à eux, organisons-nous et changeons le monde !