BesançonProvocations fascistes en marge du mouvement contre la réforme des retraites

Le collectif antifasciste de Besançon revient sur les provocations d’extrême droite pendant le mouvement contre la réforme des retraites.

Jeudi 16 mars
Suite au passage en force du Gouvernement usant du 49.3 pour imposer la réforme des retraites, les opposant.e.s commencent à se réunir devant la Préfecture du Doubs.
A peu près au même moment, à quelques centaines de mètres rue Mégevand, se déroulait à la Fac de Lettres et de Sciences Humaines une Assemblée Générale étudiante. Bloquée depuis le 7 mars, la fac’ de Lettres est devenue l’épicentre du mouvement contre la réforme des retraites, et a permis l’émergence d’un milieu alternatif étudiant, jeune et radical.
Alors que l’ AG est en cours, à 17h00, un petit groupe de militants nationalistes désormais connu son le nom de « Ratons Nationalistes » (anciens de la Cocarde et de Génération Z) débarque devant la fac de lettres. Visant un groupe d’étudiant-e-s et d’enseignant-e-s grévistes collant des affiches, ils provoquent, insultent et menacent. Mais sentant que l’accès principal leur est impossible, ils tentent alors de pénétrer dans l’établissement par une entrée annexe (ils connaissent le site puisque certains y sont ou y ont été étudiants, tel Théo Giacone.). Il est évident qu’ils veulent, à l’instar du GUD ou autres mouvements nationalistes étudiants, casser du gauchiste et stopper de manière violente le blocus de la fac. Mais ils sont stoppés net par des enseignant.e.s et membres du personnel. Et selon les dires de ces derniers, il s’en est fallu de peu pour que la situation ne dégénère en violences.

Enseignants et personnel de la Fac confrontés à la tentative d’intrusion des Ratons Nationalistes. On reconnait à droite, casquette blanche : Théo Giacone, ancien leader local de la Cocarde Étudiante et condamné pour avoir repeint de blanc la statue de Victor Hugo.

Vers 18h00, la mobilisation piétinant devant la préfecture part alors en cortège spontané (certains diront « sauvage ») pour rejoindre la fac et faire la jonction avec les étudiant.e.s qui sortent d’AG. Face à cette arrivée massive de manifestant-e-s, le groupuscule nationaliste s’esquive sans demander son reste.
Plus tard dans la soirée, ils profiteront que les étudiant-e-s aient déserté l’établissement universitaire pour y revenir afin de voler des pancartes et banderoles laissées sans surveillance. Ils pourront alors pavoiser sur les réseaux sociaux avec leurs prises de guerre acquises sans gloire, dans la fontaine de l’Utinam, place Jean Cornet.

Extrait de la vidéo TikTok de @heisen.berg25 alias Florent S. Les Ratons ont agit de nuit alors que les rues et la fac étaient désertes.
Propagande totalement bidon des Ratons sur leur compte Twitter.

Vendredi 17 mars
Alors que les accès à la Préfecture ont été bouclés par de nombreux effectifs de police, c’est depuis le site Mégevand de la Fac’ de Lettres que doit démarrer une nouvelle manif « sauvage ».
Comme la veille, les Ratons Nationalistes sont venus se montrer en fin d’après-midi devant la fac, mais ce vendredi, ils sont plus nombreux que la veille (entre 12 et 15).

Les Ratons nationalistes devant la fac de Lettres, rue Mégevand. En numéro 1 : Florent S. qui infiltrera la manif plus tard dans la soirée, et en numéro 2 Théo Giacone.

On soupçonne qu’ils ont peut-être reçus le renfort d’autres militants nationalistes de la région. Ces menaces n’empêchent aucunement les étudiant-e-s et autres opposants à la réforme des retraites de sortir de la fac et de débuter la manif. Après un parcours d’environ une heure dans les rues du centre-ville, un retour s’amorçait tranquillement vers la place Granvelle à proximité de la fac. Mais à quelques encablures, les nazillons s’activaient ; ils décident d’agresser Denis, un pompier et manifestant bien connu localement. Attendant le passage du cortège avec sa banderole pour s’y joindre, il se retrouve isolé face à une dizaine de nervis fascistes. Sa banderole « tu nous mets 64 – nous on te mai 68 » lui est violemment arrachée et volée par la bande de courageux défenseurs de la race blanche. Les étudiant.e.s prennent immédiatement les « Ratons » en chasse… Certains « Ratons N » recevront quelques gnons. Et ils n’auront alors pas d’autres choix que d’abandonner leur butin, avant de détaler lamentablement jusqu’au parking de la Rodia aux Près-de-Vaux de l’autre côté du Doubs pour s’y réfugier.

Extrait de la vidéo TikTok de @heisen.berg25 alias Florent S. Le vol « super-héroïque » de la banderole à 5 contre 1

La manif repart, et aux chants et aux slogans contre la réforme des retraites, s’ajoutent désormais des « siamo tutti antifascisti ! » et « Besac ! Besac ! Antifa ! ». Petite halte rue de Pontarlier devant un bar où les nazillons ont leurs habitudes, puis direction rue Bersot. C’est à l’approche de la rue qu’une personne cagoulée est désignée comme pouvant être un néonazi infiltré. Les manifestants le soupçonnent d’avoir envoyer régulièrement des textos au groupe des Ratons Nationalistes afin de les renseigner sur la progression du cortège. Les manifestants lui demandent alors de retirer sa cagoule et de dégager. Il refuse, et fait face aux étudiant-e-s. Il fonce dans le tas et donne de nombreux coups de poings sur les manifestants (vidéo Emma Audrey / Radio Bip). Mais ces derniers qui lui ont retiré sa cagoule répondent eux aussi à coups de poing et de jets de chaises (la rue Bersot comprend de nombreux bars et terrasses) et finissent par l’acculer, la bouche en sang, dans un coin de la rue où deux agents des forces de l’ordre viendront l’en sortir sans l’interpellé.
Après cet incident, la manifestation s’est dissoute en petits groupes.
Contrairement à leur habitude, nos nationalistes locaux n’ont pas dans un premier temps fait de publicité sur les réseaux sociaux de leur « glorieuse soirée ». Il faudra la publication de la vidéo de Radio-Bip / Média 25 concernant l’altercation rue Bersot pour que le principal intéressé en la reprenant sur ses réseaux sociaux, se vante d’avoir affronter 50 gauchistes (ou 100 selon tiktok ou twitter).
Cette vantardise permettra de l’identifier rapidement d’abord par ses noms d’emprunts « Heisenberg25 » ou « Gestapo25 » sur les réseaux sociaux puis sa véritable identité est connue, ce qui sera très utile concernant la plainte qui a été déposée par la personne à qui ils ont volé la banderole.
Sur son compte tiktok @heisen.berg25 (qu’il a clos depuis) il publiera une vidéo qui rétablit la vérité concernant leurs actions héroïques : le vol de nuit des banderoles sur la façade de la fac, et l’agression et le vol à 5 contre 1 de la banderole. C’est de cette vidéo que sont tirés les extraits vidéos produits ci-avant.

Ne nous focalisons pas trop sur ses énergumènes décérébrés. S’ils sont un problème, ils ne sont pas le seul. Les étudiant-e-s et syndicalistes Bisontin-e-s l’ont bien compris : la priorité est l’annulation de la réforme des retraites. Et si les actes violents de l’extrême-droite ne sont pas à sous-estimés, lors des manifs spontanées qui ont eu lieu depuis le 49.3 et le rejet de la motion de censure lundi 20 mars, ce sont les forces de l’ordre qui a coup de lacrymogène, de grenades de désencerclement et d’arrestations aléatoires cherchent systématiquement par la violences à faire taire le mouvement contestataire.

Collectif Antifasciste de Besançon

Source: https://cabesancon.wordpress.com/20...