Du 25 mai au 4 juin prochains, devant la cour d’assises d’Evry, se tiendra le procès en appel des responsables de la mort de notre camarade Clément Méric. Alors que circulent encore sur internet, par malveillance, des contre-vérités sur les faits, nous tenons à rappeler ce qui s’est réellement passé, tel que la Cour d’assises l’avait précisé en 2018 dans sa feuille de motivation, dont nous reproduisons ici l’intégralité, à la demande du Comité pour Clément avec en introduction un lien vers nos comptes rendus du procès, jour par jour.

Pour suivre le procès au jour le jour :
Jour 1 : "les nazis sont gentils, les antifas sont méchants"
Jour 2 : après Morillo mardi, Dufour joue aussi la victime
Jour 3 : pourquoi les néonazis ont-ils attendu pour sortir ?
Jour 4 (1) : côté nazi, des poings américains et la volonté d’en découdre
Jour 4 (2) : les antifas remettent les pendules à l’heure
Jour 5 : comme une insulte à la mémoire
Jour 6 : Morillo et Dufour fuient leur responsabilité
Jour 7 (1) : qui était Clément Méric ? Ses proches témoignent
Jour 7 (2) : la réalité de la violence de l’extrême droite
Jour 8 : Morillo et Dufour, néonazis à l’insu de leur plein gré
Jour 9 : à venir

Le 5 juin 2013 à Paris, Clément Méric a été tué par des skinheads néonazis rencontrés par hasard dans une vente rue Caumartin. Clément et les trois camarades qui l’accompagnaient s’étaient scandalisés du message raciste arboré par l’un des skinheads. En réaction, ceux-ci ont appelé du renfort et se sont préparés à une agression qui fut fatale à Clément.

Au terme de plusieurs années d’instruction, trois des néonazis, Esteban Morillo, Samuel Dufour et Alexandre Eyraud ont été renvoyés devant la cour d’assises de Paris. Le 14 septembre 2018, celle-ci a condamné Esteban Morillo à 11 ans de réclusion criminelle et Samuel Dufour à 7 ans d’emprisonnement pour avoir volontairement exercé des violences sur Clément Méric ayant entraîné sa mort, sans intention de la donner, avec les circonstances aggravantes que les coups ont été portés en réunion et avec des poings américains - et également pour les coups portés sur ses camarades. Alexandre Eyraud, quant à lui, a été acquitté parce qu’il n’a frappé personne.
Esteban Morillo et Samuel Dufour ayant fait appel de leur condamnation, ils vont être rejugés à Evry. Dans cette perspective, il est utile de faire connaître les justifications de sa décision par la 1ère cour d’assises.

Décision de la cour d’assises de Paris statuant en 1ère instance le 14 septembre 2018

En résumé, la condamnation et la sévérité des peines sont fondées sur les motifs suivants :
 La volonté du groupe de néonazis d’agresser est caractérisée par l’appel à des renforts, la présence d’armes et le choix délibéré de se diriger vers le groupe de Clément Méric qui attendait un peu plus loin dans la rue alors qu’ils pouvaient prendre la direction opposée.
 S’agissant de la responsabilité de Samuel Dufour dans la mort de Clément Méric, la cour d’assises observe que si - à la différence d’Esteban Morillo - il n’a pas porté de coups à Clément, il est à l’origine de la mobilisation de renforts et a facilité l’action d’Esteban Morillo en se battant avec les autres membres du groupe.
 L’usage de poings américains par Esteban Morillo et Samuel Dufour est établi par divers éléments :
Le fait que l’un des camarades avait aperçu un poing américain dans le sac de Samuel Dufour et l’avait signalé à un vigile de la vente bien avant la rixe.
Divers témoignages de personnes de la vente ou de passants étrangers aux deux groupes, ainsi que d’un des camarades qui a été blessé par le poing américain porté par Samuel Dufour.
Les déclarations d’Esteban Morillo lui-même lors de son premier interrogatoire et un SMS de Samuel Dufour se vantant, le soir des faits, d’avoir frappé avec un poing américain.
La cour remarque que, si les expertises médicales n’affirment pas que les blessures ont été provoquées par un poing américain, elles ne l’excluent pas non plus.
La feuille de motivation de l’arrêt, que l’on peut se procurer auprès du greffe de la cour, n’a pas été publiée.
On peut la lire ci-dessous dans son intégralité :

Le Comité pour Clément