FéminismeNemesis rate son coup de com’ à la manif #NousToutes

Gros succès pour la manif contre les violences faites aux femmes : un cortège dense, animée, jeune de plusieurs dizaines de milliers de personnes, a fait passer le message qui allait bien au-delà de la simple dénonciation, pour pointer du doigt le système patriarcal que l’extrême droite défend par tous les moyens. Pas étonnant donc que le collectif Nemesis, un groupe raciste au féminin, ait tenté, avec ses alliés masculins de l’Action française et de la Cocarde étudiante, de gâcher la fête : mais l’opération a viré au fiasco, grâce à la réactivité de manifestantes déters.

Tout commence à 17h précises, à l’angle de la rue des immeubles industriels et du boulevard Voltaire. Un groupe de jeunes femmes, qui tenaient des pancartes blanches assez rudimentaires porteuses de slogans féministes plus ou moins connus, comme « Rage against the Machisme » (titre de l’ouvrage de l’historienne Mathilde Larrère sur les luttes féministes) se rassemblent pour former une ligne sur le côté droit de la manifestation, tandis que de jeunes hommes, dont certains se dissimulent le visage, se placent devant elles.

Une banderole est alors déployée avec un slogan raciste, tandis que de façon coordonnée, les filles déchirent la partie blanche de leurs pancartes, pour révéler des portraits de femmes victimes de violence prétendument perpétrée par des étrangers (trois ou quatre pancartes différentes). On sent que l’action a été bien préparée, mais pas forcément bien pensée, car au même moment, certainement pour donner plus de visibilité à l’action, des fumigènes bleu-blanc-rouge sont craqués, noyant la scène dans un nuage de fumée.

Entre le texte illisible des pancartes, la chaine des militants nationalistes assurant la sécurité juste devant et les fumigènes, difficile de comprendre vraiment le message. Des médias d’extrême droite, visiblement prévenus, filment la scène.
Pourtant, à peine la banderole déployée, les quelques manifestantes féministes présentes ont immédiatement réagi en reconnaissant et dénonçant celles et ceux qui étaient derrière comme des militant·es d’extrême droite : très rapidement, la banderole a été saisie et déchirée. Il faut préciser que la mise en place de l’action s’est faite alors même que la tête de la manifestation était au croisement entre le boulevard Voltaire et la rue de Montreuil, à une cinquantaine de mètres : il s’agissait donc de personnes qui se trouvaient avant la manif, et non d’un groupe organisé ou même du SO de la manif, qui est cependant assez rapidement informé de la présence des fafs.

Le leader du groupe frappe dans ses mains et adopte une position faussement débonnaire, mais peine à maîtriser sa petite troupe qui a visiblement plutôt envie de se cogner.

Cette réaction soudaine et déterminée a visiblement pris de court nos nationalistes qui pensaient peut-être pouvoir rester plus longtemps : au bout d’à peine deux minutes, les jeunes femmes porteuses de pancartes et les militants les plus âgés ont rapidement disparu, laissant sur place non seulement pancartes et banderole, mais aussi le groupe masculin, compact et provocateur, d’une vingtaine de militants visiblement là pour en découdre.

Certains fafs présents n’étaient pas venus les mains dans les poches… (photo : la Horde)

Certains avaient leur ceinture à la main, d’autres des gants coqués, et une bonne moitié était très excitée : on aperçoit un poteau de mobilier urbain entre les mains de l’un d’entre eux, et des chaises d’un bar ont volé, sans qu’on puisse savoir distinctement qui les a lancées en premier, certains militants d’extrême droite sortent des matraques télescopiques et des gazeuses.

Les amis des Nemesis : sans commentaire. [photo : La Horde]

Difficile de reconnaitre formellement des individus avec les masques, mais était présent de façon certaine Stanislas d’Elloy de la Cocarde Etudiante [identifié par Sébastien Bourdon–>https://twitter.com/seb_bourdon/status/1462099013696643079?s=20).

Stanislas d’Eloy, tout excité, agitait frénétiquement sa ceinture.

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Il y a effectivement fort à parier qu’il s’agissait de militants de l’Action française et de la Cocarde, ainsi que de quelques identitaires parisiens. Face à eux, des manifestant·es féministes, lesbiennes, queer et antifascistes, certain·es faisant partie du SO de la manif, se regroupent pour faire reculer les fafs jusqu’au boulevard Diderot. La première ligne des manifestant·es essuie jet de poubelle, jets de bouteille et jets de gaz lacrymogène, soutenue par des manifestant·es qui se pressent derrière. Dans la rue des slogans sont repris : « paris paris antifa » « pas de facho dans nos quartiers, pas de quartiers pour les fachos ». La police, jusqu’alors invisible, finit par arriver, bloque les militants nationalistes à l’angle de la rue des Boulets et de la rue de Montreuil, et demande aux manifestant·es de reculer.

Qu’en déduire ? Visiblement, l’idée de départ était de créer un incident avec le cortège, en tenant la position le plus longtemps possible, et d’offrir l’image de pauvres jeunes femmes nationalistes se faire malmener lors d’une manif contre les violences faites aux femmes. Inévitablement, des échauffourées s’en sont effectivement suivies, qui ont fait le tour, par le suite, des réseaux sociaux. Mais qu’y voit-on ? un groupe de jeunes nationalistes faire de la provocation, face à de jeunes féministes leur criant « cassez-vous ! ». Pas de quoi pavoiser…

Malgré cet échec, il est notable que désormais, l’habitude semble précise par les groupes nationalistes de s’inviter sur les initiatives féministes et antiracistes : il faudra donc l’intégrer pour les mobilisations à venir, afin de leur rappeler qu’en aucun cas, la rue ne leur appartient.

La Horde, avec le concours d’antifascistes présent·es à la manif