Villepinte (93)Les milices de Zemmour : bleue à l’extérieur, brune à l’intérieur

Violences, arrestations, amende : la police s’est déchaînée contre les antifas venu·es protester à Villepinte contre le meeting du polémiste raciste. Plus tard dans l’après-midi, tandis que la manif parisienne rassemblait plusieurs milliers de personnes dans le calme, dans le meeting de Zemmour, les jeunes nationalistes faisaient exploser leur violence.

Dans la semaine, surtout après le désastre marseillais, Zemmour et ses partisans ont pris peur et ont annulé quelques jours avant le meeting au Zénith de Paris pour le déplacer à Villepinte, en Seine-Saint-Denis. Tandis que l’appel de plus de 60 organisations à manifester à Barbès était maintenu, d’autres, à l’appel de l’Action Antifasciste Paris-banlieue, appelaient à se rendre sur le nouveau lieu du meeting pour participer à un rassemblement de protestation déposé, proche du Parc des expos, à Tremblay.

Paris Lutte Infos, qui a suivi les mobilisations, raconte comment, dès midi, une cinquantaine des premiers manifestant·es arrivé·es à Villepinte ont été immédiatement nassé·es par les BRAV-M, unités mobiles de la police. Les 200 manifestant·es restantes sont restées bloquées à la gare, avant de pouvoir bouger et d’être dispersées par la police présente en masse : comme le dit PLI, "Les flics ont très bien fait le travail de milice privée pour le fasciste Zemmour". "Les manifestants sont systématiquement pris en chasse, nassés et parfois interpellés par les forces de l’ordre, en particulier les BRAV, qui quadrillent la zone et protègent la bonne tenue du meeting. Forces de l’ordre qui s’en prennent également à de nombreux journalistes sur place et empêchent tous les manifestants de se rendre au contre-rassemblement déposé en préfecture. Plusieurs dizaines de militants fascistes ont visiblement tenté de s’en prendre à quelques groupes de manifestants épars, sous l’œil indulgent des BRAV qui les ont protégés et conduits au meeting ensuite." précise l’AFAPB . Pendant ce temps, sur les chaînes d’info en continu, on parle d’affrontements et de violences, sans préciser qu’ils sont avant tout d’origine policière.

On dénombre au moins une cinquantaine d’arrestations, de nombreux blessé·es, des amendes distribuées à tour de bras pour "rassemblement non déclaré" alors que le rassemblement l’était, justement.

À partir de 13h, à Paris, plusieurs milliers de personnes se sont mises en marche au départ de Barbès, à l’initiative de la CGT75, de Solidaires et de la Jeune Garde, à laquelle se sont associées une soixantaine de mouvements.

Dans le cortège, outre des collectifs de sans-papiers et des associations antiracistes, on retrouvait non seulement celles et ceux qui s’étaient déjà mobilisées la semaine précédente, mais aussi d’autres personnes, peut-être moins militantes, venues protester contre Zemmour dans une ambiance assez détendue, le dispositif policier étant, une fois n’est pas coutume, plutôt discret. La manif s’est dispersée dans le calme aux alentours de 16h.

Enfin, en milieu d’après-midi, le meeting de Zemmour a été perturbé de l’intérieur par des militants de SOS Racisme qui ont exhibé sur des t-shirts le message "Non au racisme" : ils se sont fait proprement lyncher par un public hystérique, hurlant "on va gagner" et "tout le monde déteste les antifas (sic)" en distribuant coup de poing, coup de pied, coup de chaises, dans un déchaînement de violence assez ahurissant :

Même si nous ne partageons pas la façon dont SOS prétend combattre le racisme, il faut saluer le courage (qui frise l’inconscience) de ces militant·es qui ont osé défier Zemmour au plus près. À l’extérieur, des militants nationalistes, dont les Zouaves s’étaient déjà illustrés, en début d’après-midi, en agressant des contre-manifestant·es.

En tout cas, la violence démesurée des flics et la sauvagerie des pro-Zemmour en disent long sur la façon dont sera menée la "reconquête" (nouveau nom de son parti annoncé lors du meeting) promise par Zemmour…

La Horde