BesançonLe cortège du Premier mai perturbé par la Cocarde Étudiante

Comme à Angers ou à Nice, à Besançon aussi l’extrême droite a voulu faire payer leur frustration aux manifestant·es qui défilaient pour la fête des travailleurs.

Voici le compte rendu détaillé qu’en a fait le collectif antifasciste de Besançon sur son site :
Dimanche Premier Mai, fête des travailleurs et des travailleuses, jour de commémoration des évènements de Haymarket, le défilé revendicatif traditionnel a quitté la place de la Révolution depuis 30 minutes, quand par SMS, nous sommes informés qu’un petit groupe de 12 à 15 individus identifiés comme néonazis lookés « casual » a été aperçu se dirigeant vers le centre-ville.
Nous faisons donc remontrer l’information dans la manif afin que chacun·e reste vigilant·e. Nous avons tous et toutes conscience que ce genre d’individus en groupe peuvent être dangereux, l’actualité récente l’a maintes fois prouvé.
Remontant par la Grande-Rue, les individus en question ont devancé le cortège du 1er mai pour se scinder en deux groupes au niveau de la place du 8 Septembre (devant l’Hôtel de Ville).
Juste avant midi, alors que la manifestation arrive sur la place, un premier groupe, composé essentiellement des militants du syndicat la Cocarde étudiante (et certainement de militants de Génération Z), mené par le responsable local Théo Giacone [1], déploie une banderole « GAUCHOS COLLABOS » et allume des fumigènes.

Les Militants de la Cocarde mis en retrait de la place du 8 Septembre, et encadrés par la police – en Harrington et T-shirt rouge : Théo Giacone
Théo Giacone allumant un fumigène devant la banderole déployée en façade de l’Hôtel de ville – image issue de la vidéo postée sur le net par la Cocarde Étudiante Franche-Comté

Mais très rapidement, ils se replient vers la Grande-Rue suivis par les motards de la police nationale, ce qui le rend invisible pour bon nombre de manifestant·es. Ils continuent néanmoins de gueuler pendant un temps leurs slogans : « Montjoie ! Saint Denis ! à bas la Macronie ! » et le toujours très classique xénophobe et raciste « On est chez nous ! ». Mais la police procède alors à un contrôle d’identité, ce qui stoppe leur ardeur « anti-gauchistes ».

Le second groupe, parmi lesquels on a reconnu certains des membres du groupuscule néonazi Vandal Besak, et qui devait certainement assurer la protection du premier groupe en cas d’agression « gauchiste », est resté sur la place quand ce dernier s’est replié Grande-Rue (contraint par la police ?). Ils se sont alors rapprochés du cortège pour provoquer et menacer syndicalistes et militant·es d’extrême-gauche, prenant également en vidéo et en photo les personnes présentes dans le cortège… alors même que les policiers de la BAC n’étaient qu’à quelques mètres.

Indiqués par les flèches rouges, les membres des Vandal Besak et certainement aussi des membres des Infréquentables de Dijon.

Prenant la confiance, trois d’entre eux s’infiltrent dans le cortège et commencent à scander « Europe, Jeunesse, Révolution »… Leur délire n’a duré que quelques mètres (jusqu’à l’intersection de la Grande-Rue et de la rue du Palais de Justice) : ils se sont fait huer, le cortège hurlant « Dégagez ! » et « Pas de fachos dans nos quartiers ! Pas de quartier pour les fachos ! ». Une partie du cortège s’arrête pour contraindre à quitter le cortège les trois néonazis qui jouaient la provoc’. Des insultes ont fusé, l’Internationale fut chantée, « Siamo tutti antifascisti ! » scandé en chœur , et en point final : un crachat fut lancé sur la gueule de l’un des néonazis (apparemment un membre des Infréquentable de Dijon). Aucune violence, sinon verbale.

A gauche les néonazis continuant à provoquer alors qu’ils se font refouler du cortège, l’un d’eux continue à filmer les manifestant-e-s – A droite, les résultats du crachat.

C’est à ce moment que la Police déjà présente sur place depuis plusieurs minutes décide d’intervenir et d’écarter les néonazis loin de la manif. Une fois ces indésirables dégagés, le cortège peut reprendre son cours.

Les policiers s’occupent de raccompagner les néonazis loin du cortège. Sur cette photo publiée dans l’Est républicain, on remarque que le militant néonazi porte sur son pull un autocollant des Infréquentables-Dijon Offender représentant l’insigne de la 3e division Waffen SS Totenkopf, tristement connue comme étant celle s’occupant des camps de concentration et d’extermination nazis.

Suite à cette perturbation, dont beaucoup de manifestant·es n’ont appris le déroulement qu’en lisant la presse locale du lendemain (il y avait entre 1500 et 2000 personnes pour ce défilé du 1er mai, la perturbation n’a concerné qu’une toute petite partie du cortège), certaines cellules syndicales se posent désormais la question de la nécessité ou non d’un service d’ordre lors des prochaines manifestations. Effectivement, la dernière campagne électorale a été marquée par de nombreuses agressions provenant de militants d’extrême droite (Reconquête ou Cocarde Étudiante) souvent alliés à des groupuscules néonazis. On peut citer en exemple les Zouaves Paris qui ont agressé le militant·es de SOS Racisme à Villepinte lors du Meeting du candidat Zemmour, ou plus localement l’agression d’un sympathisant NPA lors du meeting de Philippe Poutou au Kursaal de Besançon… d’ailleurs l’agresseur était présent ce dimanche parmi le groupe constitué des Vandal Besak.

Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu à Besançon des militants néonazis venir se confronter d’aussi près, en tant qu’opposants, à une manifestation sociale. La campagne pour la présidentielle a été marquée par les discours identitaires, racistes, xénophobes et haineux et malgré les résultats pitoyables de Marine Lepen et surtout d’Eric Zemmour à Besançon, les résultats nationaux ont fait pousser des ailes à ce genre de groupes radicaux pour qui la violence est une suite logique aux paroles de leur leader.
Si lors de notre article de janvier, nous nous posions encore la question de savoir si la Cocarde Étudiante était en lien avec le groupuscule néonazi Vandal Besak, ce qui c’est passé ce Premier Mai nous en fournit la réponse (sans grande surprise).
Mais si l’action de ce groupe fasciste n’a été finalement qu’une perturbation presque anecdotique dans le déroulement globale de la journée, elle démontre bien que l’extrême droite malgré les discours de propagande populiste dont les clans Zemmour et Le Pen ont abreuvé les médias lors de ces derniers mois, ne sera jamais du coté de la classe ouvrière. Draguant en un temps le vote populaire, aigrie par les résultats des scrutins, la défaite lui redonne son vrai visage méprisant.
Attaquer le cortège de 1er Mai, c’est attaquer plus qu’un symbole. C’est remettre en cause tous les acquis sociaux que le peuple a conquis par la rue ; c’est remettre en cause notre droit d’exprimer collectivement et librement nos colères, nos revendications et nos inspirations ; c’est également attaquer notre droit de ne pas vouloir se plier aux choix des urnes. Bref c’est s’attaquer à notre volonté de ne jamais plier devant n’importe quel pouvoir même légitimement élu, et on comprend que cela gène l’extrême droite dans son ensemble que nous ne soyons pas les moutons dociles qu’elle souhaiterait.

Collectif Antifasciste de Besançon

Source: https://cabesancon.wordpress.com/20...

Notes

[1Théo Giacone fut également candidat Rassemblement National lors des dernières élections départementales, mais suite à divers articles le concernant dénonçant ses accointances avec la mouvance néonazie locale, il quitte le RN début 2021 et rejoint Reconquête.