mobilisation antifascisteLa Catalogne elle est à qui ? Retour sur le week end de mobilisation antifasciste à Perpignan contre le congrès du RN

Présents à Perpignan ce 3 et 4 juillet 2021 à la mobilisation antifasciste contre le congrès du Rassemblement national, voici nos retours de cette mobilisation antifasciste dans la plus grande ville française détenue par le RN.

Le premier bilan que l’on peut dresser, c’est que le week-end de mobilisation antifasciste à Perpignan a été une réussite. Tout s’est bien passé, les programmes annoncés ont été tenus, il n’y a pas eu de répression policière massive, ni d’empêchements des manifestations, ni d’agressions ou de violences de la part de groupes d’extrême-droite.
Différentes stratégies et forces antifascistes ont pu cohabité, avec plus ou moins de complémentarité et de défiance entre ces stratégies.

Globalement, la stratégie adoptée majoritairement était de faire de la manifestation du samedi une démonstration de la mobilisation citoyenne, syndicale et populaire contre le Rassemblement national.

Cet objectif a été atteint, en ce sens que la manifestation du samedi 3 juillet a rassemblé entre 2000 et 2500 personnes* dans les rues de Perpignan, avec une occupation publique de la place de la Catalogne (place centrale à Perpignan) de 12h à 18h (concerts, nombreux stands, buvettes et restauration,...) et de la ville tout le week-end.
*quand habituellement les militant.e.s locaux rassemblent de 50 à 100 personnes sur la thématique antifasciste

Les nombreux cortèges étaient à l’image du mouvement antifasciste : diversifié, populaire, inclusif. Les syndicats, force majeure et active dans cette mobilisation (que ce soit pour construire localement l’Appel 66 contre l’Extrême-Droite, régionalement avec l’organisation des transports en cars, ou nationalement avec les relais appuyés de VISA et de la Coordination Unitaire Antifasciste) ont tenu la tête de la manifestation du samedi 3 juillet. Un bon millier de personnes a défilé sous les couleurs de la CGT 66 et de ses différents syndicats. Venaient ensuite les cortèges syndicaux de Sud et Solidaires ainsi que celui de la CNT. Enfin VISA a proposé également un cortège syndical antifasciste.

Puis les cortèges des groupes et organisations politiques, notamment l’UCL et le NPA. Derrières ces cortèges d’organisations arrive ensuite un gros contingent antifasciste, composé pour moitié des Jeunes Gardes (bien mobilisées tout au long de la préparation de cette mobilisation). Les Jeunes Gardes de Strasbourg, Paris et Lyon sont présentes et propose une chouette animation de cortège (chants et choeurs, tambours, animation de la tête de cortège, ..). L’autre (grosse) moitié de ce contingent de plusieurs centaines de personnes est composé des différents groupes et militant.e.s antifascistes radicaux, de Perpignan, des Pyrénées Orientales et des régions voisines (Montpellier, Toulouse, Montauban, Carcassonne, Albi, Nice, ...).

Arrive ensuite le tout aussi chouette cortège féministe antifasciste, rappelant le danger particulier que représente le RN et son ascension vers le pouvoir pour toutes les femmes et leurs droits.
On retrouve aussi bien mobilisés la gauche indépendantiste catalane, des deux côtés de la frontière étatique, à travers la présence d’un cortège et d’une banderole en catalan, mais aussi tout simplement de nombreux drapeaux catalans tout au long de la manifestation.

Sans oublier les camarades Gilets Jaunes présents !
Nous n’avons pas tout vu et entendu, alors nous oublions certainement des groupes et cortèges présents !

Concernant la présence policière et la gestion du maintien de l’ordre, le dispositif était composé d’une compagnie de Gendarmerie Mobile, de la BAC de Perpignan, d’effectifs locaux de la police nationale ainsi que de 3 flics du service liaison.
1 personne a été arrêté et placée en garde à vue (ressorti le dimanche vers 13h), 1 autre a été embarquée pour un contrôle d’identité au poste. Des contrôles ont été à signaler, mais pas de barrages filtrants pour les accès à la ville.

Dernier temps unitaire sur la place de la Catalogne, avec de nouveau des animations musicales, jusqu’à 18h. Les bus (venus de Toulouse, Montpellier, Lyon,...) repartent et une bonne partie de nos camarades aussi.

Pour la soirée, 2 évènements se tenaient en même temps, un concert anti-répression (avec des rappeur.euse.s et musicien.ne.s locaux et plus lointains), ainsi qu’un concert plus "calme" dans un autre lieu !

Le Dimanche, plusieurs groupes et collectifs locaux (dont l’Action Antifasciste Perpignan et Alentours) avaient appelée à une seconde manifestation, dans un cadre plus affinitaire. C’est donc une petite manif joyeuse et déterminée d’une quarantaine de personnes qui sillonnent les rues et le centre de Perpignan, en ce dimanche matin. Plusieurs fois bloquées par un petit dispositif de maintien de l’ordre (Police Nationale en tenue anti-émeute), le cortège était visible et bruyant et, comme c’était le cas la veille, il a été très bien accueilli par les Perpignanais.e.s ! Applaudissements, klaxons, sourires sur les visages, poings levés... Pendant ce temps, quelques un.e.s iront essayer d’apercevoir les fascistes dans leur palais des congrès, vite dégagés par la police.

Pour finir ce week-end de mobilisation, les camarades locaux avaient prévu d’occuper la place de l’esplanade et de proposer une bouffe végétarienne. Bonne ambiance et bonne présence, on sent l’implantation et le soutien populaire des antifascistes et militant.e.s locaux. Tout le contraire de ces élus et notables du RN, souvent parachutés sur des territoires, hors-sol, en dehors des réalités des petites gens.

crédit photo Eric Cabanis

Perpignan n’est pas du tout à l’image de son administrateur d’extrême-droite. Nous avons découvert une ville populaire, colorée, jeune, dynamique, méditerranéenne et catalane. Loin, très loin, des délires racistes et sécuritaires du RN, loin de son programme antisocial et nocif pour les femmes et les travailleurs. Nous comprenons mieux pourquoi Louis Aliot est perçu comme la honte de Perpignan pour beaucoup de ses habitant.e.s ! On sent bien que le sentiment nationaliste et les belles histoires du roman national (que Louis Aliot tente d’imposer sur la commune de Perpignan) sont loin d’être ancrés dans ce territoire, qui ne se reconnait pas vraiment dans cette prétendue identité nationale française, ni par sa langue, ni par son histoire, ni par sa culture et sa population.

Les rues de Perpignan ont résonné tout le week-end de chants et slogans antifascistes. On a occupé la ville, affiché nos couleurs, clamé haut et fort auprès des habitant.e.s notre solidarité et notre résistance face au fascisme. Ce 3 et 4 juillet 2020, Perpignan a été une ville remplie de syndicats, de féministes, d’antifas et antiracistes, de militant.e.s ouvriers, de révolutionnaires, de queers, d’indépendantistes catalans, d’écologistes, d’immigré.e.s ou descendant.e.s d’immigré.e.s ... Tout ce que le RN déteste, tout ce que Marine Le Pen aimerait faire disparaitre une fois le pouvoir conquis.

Ce week-end de mobilisation a été une victoire pour les antifascistes, malgré les difficultés organisationnelles et le contexte sociétal. Cette victoire de Perpignan en appelle d’autres, avant et après les élections présidentielles de 2022. Le nationalisme est un poison, nous sommes l’antidote. Organisons-nous !

La Horde