Si la défense des néonazis va tenter de faire croire à la légitime défense, plusieurs éléments de l’enquête montrent qu’ils cherchaient au contraire l’affrontement. Alors que ce troisième jour d’audience était consacré aux témoins de la scène, nous reprenons ici l’analyse faite par le Comité pour Clément des échanges téléphoniques, qui révèlent, pour reprendre l’expression du comité, "un donneur d’ordres, une centrale téléphonique et des soldats qui attaquent…"

Une des fables que la défense de Morillo et Dufour va tenter de faire croire aux jurés, c’est que les skins néonazis ont été "agressés" par les antifascistes, et qu’ils n’ont fait que se défendre. On sait déjà, la vidéosurveillance l’atteste, que le groupe d’antifascistes était immobile tandis que les néonazis se dirigent vers lui, c’est-à-dire dans la direction opposée à celle que leur avait conseillé le vigile de la vente privée. Lors de la deuxième journée du procès, Etrillard, l’avocat de Dufour, a pourtant fait une relecture fantaisiste de la vidéo, ajoutant un antifa, supprimant un néonazi.
Mais un autre élément vient expliquer d’où leur est venu subitement le courage d’aller à l’affrontement. Car une question demeure : pourquoi les skinheads sont-ils sortis dans la rue à 18h43 ? L’analyse de leurs échanges téléphoniques permet de supposer que c’est parce qu’ils venaient d’être avertis par leur chef Serge Ayoub de l’arrivée de renforts.
En effet, appelé par Dufour à 18h, Morillo prévient sa compagne Katia Veloso sitôt après. A 18h16, celle-ci joint C. Wiesolowski pour qu’elle l’aide à mobiliser des renforts. Wiesolowski se trouve alors au Local, le bar d’Ayoub, qui s’y trouve également.
Wiesolowski fait ce que lui a demandé Veloso en envoyant une série de SMS vers 18h20, après avoir appelé Morillo à 18h18.
Veloso contacte de son côté plusieurs correspondants. En position de centrale téléphonique, elle peut informer Ayoub de l’état de la mobilisation et de l’arrivée de renforts, à 18h38.
Ayoub appelle Morillo dans la foulée. Les skinheads sortent de l’immeuble et se mettent en route dans la rue Caumartin dans la minute qui suit.
Ne sont mentionnées ci-dessous que les communications proches de l’arrivée des correspondants sur les lieux :