Sans grande surprise la confirmation de la dissolution de Génération Identitaire n’a nullement paralysé les activités de ses militants. Et il n’est pas question ici d’activisme sur les réseaux sociaux, mais de présence dans la rue.

Paris Fierté/Génération Identitaire Paris le 23 mai 2021

Dernière action en date des Identitaires parisiens, c’était dimanche 23 mai 2021, sous l’étiquette Paris Fierté, l’une des nombreuses associations écrans qui existent depuis des années utilisées par les Identitaires pour avancer masqués. Dans un précédent article nous avions déjà évoqué la possibilité que Paris Fierté, dont l’activité se limitait à une manifestation par an pour honorer Saint-Geneviève, soit utilisée par les Identitaires pour continuer de militer.

C’est bien la première fois que les Identitaires parisiens rendent hommage aux communards. Symboliquement c’est assez fort. En s’inscrivant dans l’hommage aux communards, les anciens de Génération Identitaire reviennent aux fondamentaux d’une certaine idéologie dont ils sont issus, à savoir Unité Radicale et nationalisme-révolutionnaire.

Paris Fierté/Génération Identitaire Paris le 23 mai 2021

Les tentatives de récupération de La Commune de Paris et des Communards par l’extrême droite est assez ancienne. Sans remonter au début du XXème siècle, on peut se souvenir que c’est l’association Les Amis du socialisme français et de la commune (ASFC) qui remit au goût du jour la tentative de récupération de l’histoire de la Commune de Paris . Dans cette association fondée en 1966 par Jean-Marc Aimot [1] et René Dayras on y retrouvait Maurice Bardèche (le président d’honneur de l’association) ou encore Saint-Loup. Leur activité principale était alors de déposer une gerbe au pied du Mur des fédérés et sur la tombe de Louis-Auguste Blanqui. Proche du mouvement Europe-Action [2] à ses débuts, elle va se rapprocher de l’équipe du journal Militant dans les années 70. Dans les années 80 le Mouvement Nationaliste Révolutionnaire puis Troisième Voie, sous la direction de Jean-Gilles Malliarakis, vont se joindre aux Amis du socialisme français et de la commune pour venir grossir les rangs devant le mur des Fédérés. Par la suite Nouvelle Résistance [3] dirigée par Christian Bouchet va également inscrire cet hommage à leur activité politique. Fort logiquement quand Christian Bouchet et Fabrice Robert décideront d’abandonner la ligne « socialisante » de Nouvelle Résistance pour une ligne plus droitière en donnant naissance à Unité Radicale à la fin des années 90, des militants parisiens de la structure participeront à l’hommage de l’ASFC.

L’hommage de Nouvelle Résistance en 1996. On peut reconnaître Christian Bouchet au centre avec sa casquette

Avec la création des Identitaires suite à la dissolution d’Unité Radicale en 2002, le rituel parisien est délaissé au profit d’un hommage délocalisé sur Nîmes, autour de la personne de Louis Rossel. Il s’agit d’un colonel de l’armée française qui avait rejoint la Commune de Paris le 19 mars 1871. Rossel a toujours été perçu par l’extrême droite comme l’incarnation de la tendance patriotique et nationaliste de la Commune de Paris.

Durant les années 2000, la bannière francilienne de Terre & Peuple tentera d’organiser elle aussi un hommage au mur des Fédérés qui ne rassemblera jamais au-delà de ses maigres troupes, les militants radicaux d’extrême droite restant fidèles à l’initiative des Amis du Socialisme français et de la Commune.

Enfin pour clore le chapitre de la tentative de récupération de la mémoire de la Commune de Paris, rappelons que le groupe de RIF Vae Victis avait écrit un titre intitulé La Commune. Ce titre a été repris récemment sur scène par le groupe de NSBM Peste Noire.

Notes

[1De la revue Défense de l’Occident

[2Revue animée par Dominique Venner (référence revendiquée par les Identitaires) et Jean Mabire.

[3Scission de Troisième Voie et ancêtre d’Unité Radicale