C9M : 78 ans après la libération, la main tendue du gouvernement vers les néonazis

Avec les propos d’Elisabeth Borne, première représentante du gouvernement, mettant sur un pied d’égalité antifascistes et néonazis ("l’extrêmisme, il vaut des deux côtés"), le gouvernement Macron continue de préparer le terrain aux néo-fascistes.
Mettre les antifascistes au même niveau que les néonazis, c’était jusque là le discours de Trump après la tueries et les violences fascistes de Charlottesville.

L’odeur rance du GUD derrière les violences fascistes en France

Rappelons le contexte dans lequel l’État, à travers le préfet de police Laurent Nuñez, a autorisé la marche nazie du C9M sur Paris, à deux jours de la commémoration de la libération :

- Paris, 5 Janvier 2022 : dissolution des Zouaves Paris, 6 ans après leur émergence sur les ruines de l’ancien GUD

- Paris, 19 Mars 2022 : assassinat raciste du rugbyman Federico Martin Aramburu par arme à feu, en pleine rue, par plusieurs membres du GUD 2e génération [2010 - 2017] (Loïk le Priol et Romain Bouvier)

- Paris, Novembre 2022 : 10 mois après la dissolution des Zouaves Paris, réactivation du GUD Paris

- Callac, 11 Janvier 2023 : le maire de la commune abandonne le projet d’accueil de réfugiés sur la commune suite à de nombreuses pressions et menaces de l’extrême-droite. L’adjointe au maire déclare alors : « Trop de pression, trop de menaces. On a lâché car on n’a pas été aidés. Voilà tout », et ce malgré les mobilisations antifascistes de septembre et novembre 2022.

- Paris, 5 Février 2023 : le GUD Paris participe à un hommage au collabo Brasillach

- Saint-Brévin, le 11 Décembre 2022, le 25 Février 2023 puis le 29 Avril 2023 : des manifestations de groupes d’extrême-droite ont lieu sur la commune contre le projet d’accueil de réfugié.e.s. À chaque fois, des habitant.e.s et militant.e.s de la commune et de la région se mobilisent pour mettre en échec ces rassemblements de racistes. En février, 1200 personnes solidaires affirment leur opposition au racisme et à l’extrême-droite (200 personnes côté faf), en avril, presque 500 personne renouvelle la mobilisation antifasciste, les fascistes peinent à rassembler de nouveau 200 personnes. Sauf que cette fois ci, le dispositif des forces de l’ordre présent facilite les mouvements de la "mob" faf (80 personnes), qui iront affronter à distance les antifascistes, avant que la police ne gaze les antifascistes. Une voiture est incendiée, présentée par l’extrême-droite comme étant celle d’un riverain, il s’agit en fait du véhicule d’un néonazi d’Île-d-France, dans lequel est saisi du matériel (et notamment cet autocollant).

Un autocollant néonazi trouvé à Saint-Brévin

Côté facho, on retrouve lors de ces mobilisations aussi bien Reconquête, le RN, que les catholiques intégristes de Civitas ou nombre de groupes néonazis et nationalistes-révolutionnaires, dont bien évidemment les membres du GUD Paris et leurs satellites (Division Martel, Luminis, etc..).

- Saint-Brévin, 22 Mars 2023 : tentative d’homicide par incendie du domicile du maire de Saint-Brévin en raison de son engagement pour l’accueil de réfugié.e.s sur sa commune.

- Paris, le 29 Avril 2023, coupe de France : des hooligans néonazis passent à tabac plusieurs vendeurs à la sauvette et d’autres personnes racisé.e.s dans le métro. Un assitant parlementaire LFI, présent par hasard au même moment, voit la scène et la filme. Repéré en train de filmer, il est passé à tabac.
On retrouve dans ces hooligans néonazis des membres de l’ex-groupe hooligan nazi la Milice Paris, ainsi que des toulousains de l’ex-groupe Viola Front et de la CamSide Tolosa. Les nazis de la Milice Paris se retrouvent toujours en tribune côté Boulogne, aux côtés de Jeunesse Boulogne, le nouveau groupe hooligan néonazi piloté par le GUD en sous-main. C’est aussi le même soir que la mobilisation à Saint-Brévin, d’où une partie des effectifs de la mob faf (qui a été aidée par la police dans son action) rentre sur Paris pour venir au stade.

L’État bien informé

Tous ces éléments sont bien connus et documentées par le renseignement français, que ce soit par la Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme, ou par la DGSI et son service dédié à l’extrême-droite.
Pour autant, connaissant toutes ces informations, le préfet de police, donc rappelons-le l’État, a fait le choix sciemment d’autoriser la manifestation néonazie du C9M. Aussi il nous faut rappeler que cette manifestation est devenue au fil des années LA manifestation annuelle de tout ce que le pays compte de groupes néo-fascistes, néonazis, nationalistes-révolutionnaires … depuis 1994 !
Si la manifestation du C9M a perdu de la vigueur à la fin des années 2010, il faut reconnaître que le courant nationaliste-révolutionnaire, l’un des plus violents et meurtrier à l’extrême-droite (depuis les années 80, une dizaine d’assassinats ont été commis par leurs membres sur le sol français, dont celui de Clément Méric) est de retour sur le devant de la scène. Pourquoi ? C’est ce que nous expliquerons dans un prochain article sur l’évolution et le renouvellement du courant nationaliste-révolutionnaire en France.

L’État surveille et est bien informé des faits et agissements des uns et des autres. L’organisation du concert néonazi à St-Cyr-l’École était évidemment connu du renseignement, qui comme d’habitude dans ces cas de figure, préfère ne pas alerter les services préfectoraux et la DDSP, pour ne pas ébruiter ce type de rassemblement, dans une stratégie obscure visant à tolérer ces rassemblements sans jamais leur nuire.

L’affiche du concert néonazi organisé pour le C9M

Cacher ce fascisme que je ne saurais voir, ou la politique gouvernementale de l’autruche pour les fafs, celle du bâton pour la population

On ne peut qu’interroger les choix répressifs du gouvernement, prompt à interdire ici des casserolades, enfermer des étudiant.e.s en lutte, tenter de tuer des militant.e.s écologistes à Sainte-Soline, interdire des mobilisations et dissoudre des collectifs de lutte au prétexte qu’y participent des fiché.e.s S, ou encore poursuivre des personnes pour une banderole dans son jardin où à sa fenêtre.
Quand une première ministre fait mine d’être choquée par une marche néonazie sur la capitale, alors que ses propres services l’autorisent et l’accompagnent, tout en renvoyant dos à dos antifascistes et néonazis, c’est ce qui aurait été considéré par nos ancien.ne.s, au sortir de la seconde guerre mondiale, comme un acte de trahison. Symboliquement à deux jours de la commémoration de la libération, qui rappelons-le, est le fruit des efforts (et notamment de la lutte armée) qu’ont alors mené les antifascistes. Ce qui n’a pas manqué à nos voisins, notamment allemands, stupéfaits.

Réformer les retraites et repousser l’âge de départ à 64 ans, autoriser les nazis à parader, poursuivre l’entreprise coloniale à Mayotte, "ré-industrialiser" le pays en demandant une mise en pause des réglementations écologiques, tout ceci prépare le terrain pour faire accepter à la population plus d’exploitation, plus de racisme, plus d’autoritarisme de l’État, plus de privation des libertés. C’est en 2023 la politique de Macron, pour sauver la bourgeoisie et le capital, c’est la politique qui prépare les esprits et l’État au fascisme qui vient, c’est une autoroute vers l’Élysée pour Lepen et consorts.

Lutte antifasciste VS interdiction étatique

Nous nous sommes plusieurs fois exprimés quant aux dissolutions et aux mesures étatistes et répressives, qui sont toujours une fuite en avant pour justifier plus de répression et de privations de liberté. Cela renforce l’État autoritaire et policier, accompagne et préfigure des formes nouvelles de fascisme.
Les dissolutions de ces dernières années deviennent une façon de museler toute opposition ou contestation politique : Groupe Antifasciste Lyon et Environs, Collectif Palestine Vaincra, Soulèvements de la Terre, Défense Collective...
Alors que Darmanin annonce vouloir interdire "toute mobilisation d’ultra-droite", c’est un rassemblement de Gilets Jaunes qui est également interdit ce week-end du 13 et 14 Mai 2023.. Une dérive évidente, au moment où des maires démissionnent ou cèdent face aux violences et menaces fascistes. L’État témoigne la volonté de ne pas s’attaquer à l’extrême-droite en parlant de lutte contre "l’extrêmisme" (cela concerne-t-il aussi l’extrême-centre ?), et en mettant sur un pied d’égalité, une fois encore, des dégradations (matérielles) de permanence d’élus ayant voté pour la réforme des retraites avec des tentatives d’homicides par incendie de domiciles.. Un jeu dangereux et une impasse pour les droits humains.

La seule réponse politique cohérente, à l’image des mobilisations antifascistes à Dresde en Allemagne ces 15 dernières années, ce serait de construire une mobilisation antifasciste unitaire, populaire et plurielle afin de bloquer la marche néonazie du C9M.  De la libération par la propagande, la lutte armée et le sabotage du pays en 1945 aux mobilisations antifascistes de ces dernières décennies, la lutte antifasciste est le seul moyen efficace de contrer l’extrême-droite, et l’un des leviers importants pour nuire à la dérive raciste et autoritaire de nos sociétés et sortir enfin du capitalisme.

La Horde