La Roche-sur-YonAmbroise Savatier, de l’ICES à Zemmour

Le président de l’Association de financement du parti des Amis d’Eric Zemmour était étudiant à l’ICES. Les camarades antifascistes vendéens de Bastyon de Résistance ont retracé son parcours, de la Manif pour Tous en passant par le RN, auquel nous avons rajouté quelques précisions.

La cellule d’investigation de Radio France révèle qui se cache derrière la campagne d’Eric Zemmour pour les présidentielles. Plusieurs noms sont cités, dont Ambroise Savatier (l’article le nomme par erreur Sabatier).

Jeune trentenaire, ancien étudiant en droit à l’ICES à La-Roche-sur-Yon de 2010 à 2013, il a fait ses armes dans la politique avec les homophobes de La manif’ pour tous pendant la contestation au Mariage homosexuel. Il est aujourd’hui un pilier de la campagne pour les présidentielles de Zemmour.

Dans la rue avec la Manif pour Tous

Dans les rendez-vous hebdomadaires qu’organise à l’époque la représentante en Vendée de La Manif pour Tous (LMPT) Nolwenn Porcheret, le jeune Ambroise Savatier est très actif avec les autres étudiants de la fac catho de La Roche.

Ambroise Savatier prend de la hauteur dans sa jeunesse étudiante avec La manif’ pour tous devant la mairie (PS) de La-Roche-sur-Yon en 2013.

Entre sessions collages d’affiches et happenings de mauvais goût, c’est avec plus de radicalité qu’il compte empêcher le mariage pour tous. Il adhère donc au Printemps Français de Béatrice Bourges, mouvement né d’une scission dans LMPT (qu’elle a pourtant co-fondée). Béatrice Bourges est proche de la maire des Herbiers Véronique Besse (passée par le MPF de Philippe de Villiers) comme de toute une partie de l’extrême droite. Le Printemps Français (PF) défile avec l’extrême droite radicale le 26 janvier 2014 lors de la mobilisation « Jour de colère », en vérité le Jour de la honte, à entendre toutes les bêtises beuglées ce jour-là. Le PF ne fait pas que défiler aux côtés des plus radicaux comme le GUD ou les Jeunesses Nationalistes, le mouvement est carrément coaché par l’Action française qui forme ses cadres. Ambroise Savatier, bien en vu au PF et certain de son talent d’acteur, apparaît dans une vidéo de propagande (sous un faux nom), cette vidéo désormais supprimée restant pourtant dans les mémoires tellement elle est risible.
Tout aussi risible, une des émanations du Printemps Français sont les Hommen (pastiche sexiste des Femen).

Les Hommen à La-Roche-sur-Yon forment un arc en ciel en pantalons en attendant le pied ferme la ministre socialiste Bertinotti.

A La-Roche-sur-Yon ils ont fait quelques sorties, flambeaux en mains, avec leurs masques sur le visage, leurs torses nus recouverts de slogans homophobes et leurs pantalons de différentes couleurs formant un bel arc-en-ciel (sic). Il est probable que, caché derrière un masque, Ambroise Savatier participait avec ses copains de fac à ces marches aux flambeaux qui avaient choqué -à raison- la population yonnaise.

En effet, du moins si on en croit le Salon beige, un site national-catholique, c’est Ambroise Savatier qui avait tenté de perturber un match de Roland Garros en tenue d’homen, le 9 juin 2013.

Un loser en politique

En 2014, Christine Boutin, se sentant pousser des ailes pendant le mouvement anti-mariage homosexuel, se lance dans les élections européennes. Elle recrute beaucoup chez les militants de LMPT, et c’est ainsi qu’Ambroise Savatier se retrouve dans l’équipe de campagne Force Vie, probablement par l’intermédiaire de sa mère, Bénédicte Savatier, née de Guillebon, en 9e position sur la liste de Boutin. Résultat au raz des pâquerettes pour Force Vie avec 0,74 % au niveau national : son entrée en politique commence plutôt mal.
Après un passage par le SIEL, au sein duquel il tente, avec Viktor Ober, d’Academia Christiana, de monter une structure jeune, il se lance comme candidat Front national aux élections départementales de 2015 en Côte-d’Or (il est natif de Châtillon-sur-Seine). Mais les Bourguignons ne le plébiscitent pas du tout, et il se fait éliminer dès le premier tour, la poisse !
A la vitesse d’un escargot, c’est le retour dans l’ouest pour Ambroise Savatier. Il adhère au Front national Loire-Atlantique en 2016 et est même nouvelle tête d’affiche lors des législatives de 2017 (2ème circonscription de Nantes centre) en remplaçant Agnès Chrissement. Pour faire bonne figure et cacher sa propre radicalité il dit alors de son parti, « Il était nécessaire de purger et de dédiaboliser le FN ». Purger qui ? Lui-même ? Résultat : 3,92%. A quoi bon cravacher ?
Pas encore refroidi, il rempilera pour les sénatoriales de 2017 avec la fonction de secrétaire général du groupe FN au conseil régional. La liste FN Pays-de-la-Loire est portée par Alain Avello, qui se prend une fessée en faisant un pitoyable score de 1,45%. Du coup, c’était la dernière élection en son nom pour le loser Ambroise Savatier.

Catharsis

Ambroise Savatier a besoin de se lâcher, alors il écrit. Il publie sur le blog d’extrême droite Nouvelles de France et pour le magazine ultraconservateur L’incorrect, proche de Marion Maréchal Le Pen. Pas étonnant qu’il ait la haine des gauchistes, sûrement un souvenir de 2010 à La-Roche-sur-Yon pendant une manifestation contre la réforme des retraites. Il avait eu la mauvaise idée de trop s’approcher du cortège en jouant la provoc’, ce qui lui avait valu de se prendre une bonne patate et de devoir prendre ses jambes à son cou. Féru d’écriture, par libération de ses pensées envahissantes, Ambroise Savatier exècre les progressistes, les antiracistes et le fait savoir.

Il veut aussi croire que la contestation du mariage gay enfantera un « Mais
68 à l’envers ». Nous, on pense plutôt que la contestation du mariage gay a
surtout fait chier.

D’une fac de fachos à une autre

Ambroise Savatier a donc commencé en 2010 ses études universitaires à la fac de l’ICES à La-Roche-sur-Yon, jusqu’en 2013. Il part ensuite deux ans sur Paris étudier à l’Université Panthéon- Assas, fac bien connue pour avoir été souillée par le GUD durant de longues années. Depuis 2018 il habite en Isère où il est directeur de cabinet du maire de Charvieu-Chavagneux, qui s’est fait connaître en 2019 pour ses positions islamophobes. À noter qu’un autre soutien fervent de Zemmour, Pierre Meurin, coordinateur de la campagne d’affichage à travers toute la France, est lui aussi un ancien directeur de cabinet de Gérard Dézempte.
Le voilà proche géographiquement de Lyon et idéologiquement proche des idées de Marion Maréchal Le Pen.

Cette dernière a créé en 2018 sa « fac » facho à Lyon : l’ISSEP (Institut de Sciences Sociales Économiques et Politiques), et comme ils ne sont pas trop regardants, ils ont eu la drôle d’idée de recruter comme « Enseignant en analyse électorale » Ambroise Savatier, le loser de la politique !
Avec comme modèles le professeur -qu’il a bien connu- de l’ICES Guillaume Bernard et Marion Maréchal Le Pen, il est convaincu comme eux, que la victoire du camp nationaliste passera par le rapprochement des droites.
Depuis des années l’extrême droite diffusent ses idées, imposent un timing et la droite extrême franchit pas à pas le Rubicon.

Derrière Zemmour

Lors de la « convention » de la droite organisée il y a deux ans par des proches de Marion Maréchal Le Pen, véritable marqueur temporel d’une fusion annoncée, c’était Eric Zemmour qui était mis à l’honneur. Le polémiste y était présenté comme une personnalité intellectuelle, pas un politique, bien que ses discours centrés sur l’Islam, l’immigration, le sexisme, le « c’était mieux avant » (mais avant quoi ?) soient très politiques, justement.
Zemmour, avec la caisse de résonance de sa parole dans de nombreux médias, est rendu crédible et rassure un électorat xénophobe, qui va du corps ouvrier à la bourgeoisie. C’est le pari d’une partie de l’extrême droite qui ne voit plus Marine Le Pen capable de gagner. Les déçus du RN misent désormais sur une personnalité comme lui, jouant sur la comm’ (affiches, buzzs) pour continuer d’imposer leurs thématiques, clivant la société tout en créant l’union des droites, pour eux la seule manière de pouvoir gagner les présidentielles démocratiquement.
Ambroise Savatier est depuis le début dans la préparation de la campagne électorale et surtout médiatique d’Eric Zemmour. En étant président de l’association de financement du parti des Amis d’ Eric Zemmour, il est celui qui sait où et à qui demander de l’argent et il en faut des millions pour une campagne présidentielle. Ses relations avec l’aristocratie (dont il fait désormais parti depuis son mariage en 2015 avec Inès de Castelbajac) lui ouvre de nouvelles portes (dorées). La grande bourgeoisie, comme elle l’a toujours fait, s’adapte très bien aux régimes autoritaires, donc soutient Zemmour et son équipe de jeunes loups aux dents longues. Ils ouvrent réseaux et porte-monnaies. Entre LR et le RN, mis en difficulté par sa candidature, Zemmour souhaiterait s’imposer comme catalyseur des droites et devenir le principal opposant face à Macron.

L’ICES, pouponnière d’extrême droite ?

C’est encore un militant d’extrême droite de plus formé à l’ICES, fac privée de La-Roche-sur-Yon, un vivier pour l’extrême droite et ce depuis sa création en 1990. Les financeurs (privés et publics), tout comme la direction, ne semblent pas s’en émouvoir. Ils savent qu’ils ont la bénédiction de bien des familles à former leurs progénitures dans cette radicalité. Le temps de leurs études, ça s’encanaille, ça fait les chauds, ça se radicalise, comme en 2019, où une douzaine d’étudiants de l’ICES saccagent des stands LGBTQ+ en plein après-midi : ils seront finalement relaxés par la justice. Pour info, l’ICES a le projet de s’agrandir (en partie avec des financements publics), passant de 1400 à 2000 élèves d’ici à 2025. Proportionnellement, ça fera combien de fachos en plus ?

Bastyon de Résistance (avec la Horde)