néonazisÀ propos d’Honneur & Nation

La semaine dernière, dans l’Est de la France, six personnes ont été interpelé·es et présenté·es à un juge d’instruction suite à une enquête du PNAT (parquet national antiterroriste), soupçonnées de projeter des des attentats contre des loges maçonniques. À cette occasion, plusieurs médias (le Parisien, France 3, etc.) ont repris une information d’abord diffusée par BFM.TV, selon laquelle le groupe derrière ces projets d’attaques serait Honneur & Nation : nous vous proposons donc d’y voir un peu plus clair sur cette formation.

Mardi 4 mai, à la suite d’une enquête ouverte en février dernier par le parquet national antiterroriste, quatre hommes et deux femmes ont été arrêtées dans le Doubs (près de Sochaux) et dans le Bas-Rhin, soupçonnés de préparer des attentats contre un loge maçonnique en Moselle : finalement, trois d’entre eux sont relâchés, tandis que trois autres sont passé·es vendredi 7 mai devant un juge d’instruction parisien, deux hommes de 56 et 29 ans et une femme de 53 ans : cette dernière aurait « seulement » consulté des sites néonazis, tandis que les deux autres auraient fait des recherches pour fabriquer des explosifs. Un t-shirt à l’effigie d’Hitler et un exemplaire de Mein Kampf auraient été retrouvés à leur domicile. Les médias, s’appuyant sur une révélation de BFM.TV qui serait confirmée par « une source judiciaire proche du dossier », les présentent comme des membres du groupuscule Honneur & Nation, sans donner plus de précisions.

Qu’est-ce que Honneur & Nation ?

Comme nous vous l’indiquions dans un précédent article, tout commence suite à la disparition de la Division Nationaliste Révolutionnaire après la débâcle de leur chef Johann Faust : en novembre 2019, c’est Sébastien Dudognon, un ancien responsable du Front National de la Corrèze (nous avions déjà parlé de lui en février 2018 lorsqu’il avait tenté de monter un local à Tulle), qui prend alors la présidence d’un nouveau groupuscule, Honneur & Nation (H&N), entraînant avec lui la plupart des anciens militants de la DNR.

En haut à gauche, Sébastien Dudognon.

Si l’on se réfère aux statuts d’Honneur & Nation, son but serait « la sauvegarde de notre patrimoine, nos traditions, notre héritage culturel, ainsi que notre identité, face à la mondialisation, et le capitalisme » : vous ne trouverez aucun autre écrit de la part de ses militant·es, ce n’est clairement pas leur truc ! Dans les faits, H&N n’a jusqu’à présent fait que de très rares apparitions publiques : avant le premier confinement, à Lyon, on avait pu les croiser lors du Forum de la Nation organisé par les Nationalistes d’Yvan Benedetti : on les avait retrouvés lors de rassemblements pour « protéger » la statue de Vercingétorix à Clermont Ferrand, puis à nouveau à Lyon aux cotés de l’ancien groupuscule Dissidence française, puis à Bourges à Valencienne, qui fut leur dernière apparition publique.

À l’extrême gauche (pour une fois), Dudognon, à ses côtés Yvan Benedetti.

Ils n’avaient plus aucune activité depuis août 2020 et le départ de Sébastien Dudognon pour une autre région.
À ce stade, différents groupes locaux composaient Honneur & Nation, dans le Nord, en Charente Maritime, en Champagne Ardenne et en Alsace, mais leurs activités se résumaient surtout à poster sur les « réseaux sociaux », à prendre des photos de leurs beuveries : c’est sans doute du fait de leur visibilité sur internet que le PNAT s’est intéressé à eux.

Qui composait les groupes locaux d’Honneur & Nation ?

Concernant H&N Nord, nous vous en avions parlé dans un article sur la structure jeune du Rassemblement national, Génération Nation (GN), car un des militants de GN dans la région, qui était sur la liste de Sébastien Chenu pour les municipales à Denain, fricotait aussi avec des militants d’H&N. Honneur & Nation Nord n’existe plus, ses militants ayant formé à une poignée le groupe L’Alliance, qui reste dans la même veine qu’Honneur & Nation, le tout animé par Eddie Battista, un ancien de la DNR basé à Denain.

Sur les t-shirt de l’Alliance, on retrouve tous les codes nazis habituels : le 14 (référence aux 14 mots du sprémaciste blanc David Lane), 88 (par Heil Hitler), le "S" de la Schutzstaffel… Ne nous dites pas qu’on crie au loup !

En région Champagne Ardennes, le groupe a eu une durée de vie très courte, puisque c’est Eddie Battista qui le faisait vivre lors de son passage à Charleville Mézières, où le groupe était constitué.

Eddie Battista

Son départ pour Denain a mis fin à ses activités.

En Charente Maritime, on ne peut pas parler d’un groupe, puisque Honneur & Nation n’y est représenté que par une seul personne, Baptiste Cuny, de La Rochelle.

Baptiste Cuny

On pouvait déjà le voir avec la DNR à Paris lors d’un débat organisé par la Dissidence française en décembre 2018 avec Vincent Vauclin, Gabrielle Adinofi et Serge Ayoub. Alors qu’il était de tous les rassemblements d’H&N, il s’est fait assez discret ces derniers temps : c’est vrai aussi que cet ancien de la DNR vient de refaire un séjour en taule…

En Alsace, H&N était logiquement composé d’anciens membres de la DNR, dont l’un, Jérôme Galuppini, faisait partie du bureau de l’ancien groupuscule ; il s’est ensuite retrouvé vice-président d’Honneur & Nation. Présent à Lyon lors du Forum de la Nation en mars 2020, il était lui aussi pratiquement de tous les rassemblements d’H&N. Pour l’anecdote, signalons qu’il était signataire d’une pétition en 2016 en soutien au général Piquemal après son interpellation à Calais.

Jérôme Galuppini et Thibaud Ruffra

Autre personne de ce groupe Thibaud Ruffra qui s’est aussi déplacé régulièrement lors de leurs fêtes ou rassemblements.

Division Nationaliste Révolutionnaire, Honneur & Nation, l’Alliance dans le Nord… Tous ces regroupements ont une vie éphémère mais leurs militants, isolément, sont-ils susceptibles à tout moment de passer à l’acte ? Possible. Mais si Honneur & Nation et ses militant·es ont attiré l’attention des flics, c’est aussi et surtout pour avoir publié tant de photos sur les réseaux sociaux qu’il était impossible de les rater.

La Horde