GrèceÀ Athènes, violente agression par des néonazis dans le métro

Hier, 2 novembre, ans la station de métro Monastiraki, juste à côté de l’Acropole et de la zone touristique de Plaka, un groupe de 40 néonazis a tendu une embuscade à un petit groupe d’anarchistes et de réfugiés qui rentraient d’une manifestation. Notre camarade Yannis Youlountas a relayé l’information sur son site, accompagnée de nombreuses vidéos. Il a ensuite analysé ce qui s’est passé afin de déconstruire la propagande de l’extrême droite sur cette affaire, analyse à retrouver dans un autre article ici.

L’effet de surprise a été terrible : cinq personnes ont été blessées dont une gravement. Malgré l’alerte donnée par plusieurs passagers du métro et la présence confirmée d’une quinzaine de MAT (CRS) qui montaient la garde juste au-dessus des escaliers, exactement à l’entrée de la station Monastiraki, l’intervention de la police a bizarrement tardé. Les policiers ne sont descendus que quand les néonazis ont sorti un bidon d’essence pour brûler vives les personnes prises au piège dans un wagon et commencé à répandre le liquide inflammable sur le sol :

Autre bizarrerie à noter : alors que l’agression était caractérisée et qu’elle pouvait engendrer la mort des personnes prises au piège (comme le confirmait les alertes téléphoniques d’autres passagers de la rame), la police a délibérément choisi de laisser partir les néonazis, tout en empêchant les photoreporters de les filmer dans leur fuite.
Dans la vidéo ci-dessous, on voit même un policier aider un néonazi à récupérer son casque, en le poussant vers lui, sans même feindre de le poursuivre :

Deux poids, deux mesures : car au même moment, dans plusieurs rues aux alentours, des policiers multiplient les actes de violence sur des militants de gauche et antiautoritaires, et vont jusqu’à menacer des adolescents.
Dans la vidéo ci-dessous, filmée place Viktoria (à deux kilomètres de Monastiraki) on voit un groupe de policiers s’acharner sur un antifasciste resté au sol, et continuer à le rouer de coups à tour de rôle :

Une fois de plus, il n’est pas difficile de voir qui sont les vrais ennemis du pouvoir et qui sont ses petits copains. Le gouvernement a beau reprendre la vieille chanson selon laquelle « les extrêmes se rejoignent » (sic), nous voyons bien en réalité qu’il fait parfaitement la différence entre les uns et les autres.
Et puis surtout, examinons les mots utilisés à longueur d’infos télévisées : qu’est-ce qui est « extrême » ?
Vouloir la liberté authentique et l’égalité réelle dans une société accueillante et solidaire ? Ou bien, à l’inverse, multiplier les lois liberticides, contrôler notre existence dans tous les domaines, durcir toujours plus le capitalisme en exploitant les « ressources humaines » et la Terre toute entière ?
Non, bien sûr, ce n’est pas nous qui sommes des « extrémistes », mais les dirigeants qui nous oppriment et pratiquent la politique de la terre brûlée. Les hommes d’affaires capitalistes ne valent pas mieux que les néonazis, sauf qu’ils provoquent la souffrance et la mort des plus précaires tout en montrant leur sourire carnassier dans leur costume trois pièces ou leur tenue décontractée de hipster. Les dirigeants capitalistes distillent le fascisme dans la société sans montrer leur vrai visage, avec bienséance et démagogie, pendant que les fascistes estampillés se comportent en bas du front, attaquent brutalement nos squats d’accueil pour les exilés ou perturbent nos cuisines solidaires gratuites.
Ce n’est pas aider les précaires grecs et migrants qui est extrême ; c’est construire et défendre à tout prix une société basée sur les inégalités et les discriminations.
Ce n’est pas vouloir prendre nos vies en mains et décider nous-mêmes de notre avenir qui est extrême ; c’est continuer à obéir aux diktats des dirigeants politiques choisis et favorisés par les dirigeants économiques.
Nous ne sommes pas en démocratie au sens originel du terme, c’est-à-dire directe. Même pas en démocratie parlementaire, vu que dans la plupart des pays, les élus ne font qu’obéir à la ligne imposée par le parti au pouvoir au lieu d’oser la controverse et le débat. Pire encore : le cas de la France où l’article 49.3 est utilisé à tout bout de champ par le gouvernement qui ne laisse même plus discuter son parlement de notables locaux, dont il n’a pourtant rien à craindre. Bref, nous sommes encore dans la préhistoire politique de l’humanité.
Nous ne sommes pas non plus dans une société voulant mettre en œuvre la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », puisque l’État et sa police empêchent régulièrement celles et ceux qui luttent vraiment pour cet objectif en construisant des projets parfaitement en adéquation avec ces trois mots : accueillir des sans abris dans des bâtiments vides, agir contre les inégalités sociales, manifester contre les injustices, diffuser un autre imaginaire social.
C’est vrai, le capitalisme ne cherche pas à nous brûler vifs dans un wagon de métro, mais il nous fait crever à petit feu dans un monde dévasté.
Qu’importe, nous n’avons pas peur des ruines, comme le disait un certain Durruti, nous avons un monde nouveau dans nos cœurs.

Y.Y.